Une suite rocambolesque de La Mouche noire dans laquelle Vincent Price retrouve les machines à téléporter et les insectes humains…
RETURN OF THE FLY
1959 – USA
Réalisé par Edward Bernds
Avec Vincent Price, Brett Halsey, David Frankham, John Sutton, Dan Seymour, Danielle De Metz, Jack Daly, Janine Grandel
THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS I SAGA LA MOUCHE
La motivation des producteurs de la Fox, lorsqu’ils initièrent Le Retour de la mouche, était pour le moins triviale : s’efforcer de capitaliser sur le succès de La Mouche noire en réutilisant simplement les décors du premier film et en engageant à nouveau Vincent Price. Cette suite étant qualitativement revue à la baisse, la couleur Deluxe fut troquée contre un moins coûteux noir et blanc et Edward Bernds, spécialiste de la science-fiction bon marché (The Bowery Boys Meet the Monsters, Un monde sans fin, Queen of Outer Space), se vit confier le scénario et la réalisation. Le film s’ouvre sur l’enterrement de la femme d’André Delambre, jadis accusée d’avoir assassiné son mari. Désormais adulte, leur fils Philippe (Brett Halsey) souhaite connaître la vérité sur ce passé trouble. Lorsque son oncle François (Vincent Price) la lui apprend, le jeune homme est estomaqué et développe dès lors une phobie pour les mouches. Mais cela ne fait qu’amplifier son désir de reprendre les travaux de son père sur les désintégrations et les réintégrations de la structure moléculaire. Il décide donc de reconstruire les machines brisées, d’employer le technicien Alan Hinds (David Frankham) et d’installer son laboratoire dans la cave de la luxueuse maison que lui légua son grand-père. À partir de là, les choses vont logiquement se gâter…
Pour éviter que Philippe ne connaisse le même sort que son père, François décide de l’aider dans son travail. Il le surveillera de près et espère surtout le dissuader d’aller jusqu’au bout. Nos savants parviennent à téléporter un cendrier, mais lorsqu’ils font l’expérience avec un rongeur, celui-ci est atteint de gigantisme au moment de sa réintégration. Une fois cette erreur corrigée, ils tentent la téléportation différée. Le principe consiste à désintégrer un autre rongeur et d’attendre le lendemain pour le réintégrer. Mais le soir même, un inspecteur vient arrêter le technicien Alan. Car tenez-vous bien, il s’agit en réalité d’un escroc britannique, nommé Ronald Holmes, qui envisage de voler la machine pour la revendre au plus offrant sur le marché international.
La grosse tête
Pris la main dans le sac, le vil Alan/Ronald assomme le policier et se débarrasse de lui en le désintégrant dans la machine. Lorsqu’il le réintègre, fatalement, le malheureux a des pattes de rongeur à la place des mains et des pieds ! Quant au petit cobaye, le voilà affublé de mains humaines. Alan écrase le mammifère horriblement hybride et se débarrasse des corps, mais Philippe le surprend. Alan l’enferme alors dans la cabine avec une mouche, le désintègre et s’enfuit en emportant les plans. Ce qui devait arriver arrive : lorsque le corps de Philippe est réintégré, notre jeune savant est affublé d’une tête de mouche encore plus grosse que celle de son père, ainsi que d’une patte d’insecte à la place de la main gauche et du pied droit… Mis en scène avec moins de sobriété que dans le premier film, ce monstre hydrocéphale sombre du coup dans le ridicule, tout comme la mouche en plastique avec la tête de Philippe, qui appelle à l’aide avec une voix de toon. Le film souffre également de bon nombre d’incohérences, saupoudrées dans un scénario rocambolesque s’efforçant de reproduire les situations du film original au mépris de toute logique (statistiquement, combien de chance y’avait-il, en plaçant une mouche et un homme dans la même machine, d’obtenir exactement les deux mêmes créatures ?) Quant au happy end, il frise dangereusement le grotesque. Une suite bien inutile, en somme.
© Gilles Penso
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