Et si la petite souris qui vient remplacer les dents perdues contre des pièces de monnaie était en réalité une abominable sorcière ?
DARKNESS FALLS
2003 – USA
Réalisé par Jonathan Liebesman
Avec Chaney Kley, Emma Caulfield, Lee Cormie, Grant Piro, Sullivan Stapleton, Steve Mouzakis, Peter Curtin, Krestie Morassi
THEMA SORCELLERIE ET MAGIE
De toute évidence, Nuits de terreur marche sur les traces des Griffes de la nuit, puisque le postulat de départ est tout à fait similaire : dans une tranquille bourgade américaine, un jeune garçon refuse de dormir de peur de se faire trucider à coups de griffes par un croquemitaine, lequel avait été brûlé vif par les adultes plusieurs générations avant suite à une série de meurtres d’enfants. Dit comme ça, on croirait avoir affaire à un remake des premières aventures de Freddy Kruger, si ce n’est qu’ici Elm Street s’appelle Darkness Falls et que le tueur au pull rayé s’est mué en sorcière vengeresse. La « singularité » de Nuits de terreur repose sur une légende urbaine américaine, équivalente de notre petite souris, consacrée à la « fée des dents » qui vient récupérer la dernière dent de lait des enfants sous leur oreiller. Malgré un scénario très léger qui a toutes les peines du monde à tenir la route sur une petite heure vingt de métrage, le film se tire parfois d’embarras grâce à la mise en scène efficace de Jonathan Liebesman et au jeu très solide du couple Chaney Kley (une sorte de jeune Pierce Brosnan vu dans La Revanche d’une blonde) et Emma Caulfield (transfuge des séries Beverly Hills et Buffy). L’étonnante conviction avec laquelle tous deux interprètent les victimes de la vilaine sorcière volante rattrape par moments les incohérences répétées du script.
Autre atout du film : la magnifique photographie de Dan Lausten (Le Pacte des loups), qui fait partie intégrante de la mise en scène et de la narration dans la mesure où les protagonistes ne peuvent échapper au monstre qu’en s’exposant à la lumière. Ce qui donne lieu à des séquences assez intéressantes, comme l’attaque dans le commissariat, la poursuite dans les couloirs de l’hôpital ou encore le climax dans le phare. L’obscurité est ici abordée comme un protagoniste à part entière du film. C’est l’une des bonnes idées de Nuits de terreur. La mise en scène s’appuie aussi sur un design sonore méticuleux laissant la créature s’exprimer à travers des feulements glaçants.
Peurs enfantines
Mais la seule scène d’épouvante digne de ce nom se situe au tout début du métrage car elle met en scène un enfant. Dès que les personnages deviennent adultes, le concept ne fonctionne plus vraiment étant donné qu’il repose intégralement sur des terreurs enfantines. Nous retrouvons donc un schéma très proche de celui du Peuple des ténèbres de Robert Harmon, avec lequel ce Nuits de terreur présente de très nombreuses similitudes. La créature elle-même est la plupart du temps camouflée derrière un masque de porcelaine. Lorsqu’elle paraît enfin en pleine lumière, elle arbore un affreux faciès brûlé et grimaçant, œuvre de l’équipe surdouée du vétéran Stan Winston (Terminator, Predator, Jurassic Park), mais cette apparition est frustrante car elle est très furtive et s’achève par un dénouement abrupt absolument pas convaincant. Visiblement, ni les scénaristes ni le réalisateur n’ont su comment terminer le film, preuve irréfutable que le concept de base n’était pas suffisant à lui seul pour construire un scénario digne de ce nom.
© Gilles Penso
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