Le spécialiste des effets spéciaux Michael Lantieri passe à la mise en scène pour lâcher dans la nature de monstrueux reptiles affamés…
KOMODO
1999 – USA
Réalisé par Michael Lantieri
Avec Jill Hennessy, Kevin Zegers, Billy Burke, Paul Gleeson, Nina Landis, Michael Edward-Stevens, Simon Westaway, Bruce Hughes
THEMA REPTILES ET VOLATILES
C’est Hans Bauer, le scénariste d’Anaconda, qui est à l’origine du projet Komodo. Cet auteur visiblement fasciné par les reptiles agressifs et démesurés finit par intéresser les producteurs Tony Ludwig et Alan Riche (Peur bleue, encore un film d’attaque animale) qui achètent son scénario à la fin des années 90. Reste à trouver le réalisateur taillé sur mesure pour un tel projet. L’illumination vient pendant le tournage de La Souris, une comédie de Gore Verbinski que Ludwig et Riche produisent et dont les effets spéciaux sont supervisés par Michael Lantieri. Ce dernier possède déjà un palmarès impressionnant (La Mort vous va si bien, Dracula, Jurassic Park, Congo, Mars Attacks) et caresse l’ambition de passer à la mise en scène. Il ne faut pas longtemps pour que l’aspirant cinéaste et les deux producteurs tombent d’accord. Lantieri voit en effet dans Komodo l’occasion idéale de faire son baptême de réalisateur, prompt à solliciter ses collègues les plus compétents pour en assurer les effets spéciaux physiques et numériques.
Pour soigner le jeune Patrick (Kevin Zegers), traumatisé par la mort de ses parents, la psychologue Victoria Juno (Jill Hennessy) ramène l’adolescent sur l’île inhabitée de l’Émeraude. Là, tous deux se sentent épiés. Le danger est bien là, effectivement, caché dans les hautes herbes comme lorsqu’il dévora les parents de Patrick : le dragon de Komodo, un lézard géant de trois mètres de long. De toute évidence, le postulat de départ de Komodo semble être de reproduire les scènes clefs de Jurassic Park en remplaçant les dinosaures par de gros reptiles réels qui vivent sur l’île de Komodo, les fameux varans qui donnèrent au cinéaste Merian C. Cooper l’envie de réaliser King Kong au début des années 30. Pour être honnête, l’intérêt d’un tel concept nous échappe quelque peu, car d’habitude, faute d’imagination, on essaie au moins de surpasser en impact et en action le film qu’on imite. Or en substituant aux sauriens préhistoriques de plusieurs tonnes des lézards de trois mètres de long, c’est évidemment le contraire qui se produit.
Juracheap Park
Tout le film donne donc une furieuse impression de déjà vu, si ce n’est que chaque scène est cent fois moins impressionnante que celles du thriller jurassique de Steven Spielberg qui sert ici de modèle. Comme en outre la mise en scène a été confiée à un virtuose des effets spéciaux, l’accent est mis sur les trucages et bien peu sur les comédiens en chair et en os. Les varans conçus par l’équipe du Tippett Studio s’animent donc avec beaucoup de dynamisme et de nervosité, même si la 3D ne cohabite pas toujours parfaitement avec l’animatronique. Mais les comédiens, eux, sont un peu laissés à l’abandon. Même s’ils font ce qu’ils peuvent pour égayer ce slasher à écailles sans surprises, le spectateur finit peu à peu par se détacher d’eux. Et lorsqu’au final les survivants s’excitent comme des bêtes sur les derniers monstres pour les achever, ce retour à la bestialité primitive, au lieu de susciter un légitime intérêt comme le firent en d’autres circonstances les héros de La Colline a des yeux ou La Dernière maison sur la gauche de Wes Craven, se contente de laisser froid, sans entamer la chape d’ennui qui s’est emparée du public. Komodo sera la seule tentative de mise en scène de LAntieri, qui poursuivra ensuite avec succès sa carrière dans le domaine des effets spéciaux.
© Gilles Penso
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