Pour son premier long-métrage, Stephen Norrington lâche dans la nature un monstrueux robot avide de morts et de destructions…
DEATH MACHINE
1994 – GB
Réalisé par Stephen Norrington
Avec Brad Dourif, Ely Pouget, William Hootkins, John Sharian, Martin McDougall, Andreas Wisniewski, Richard Brake
THEMA ROBOTS
Depuis le milieu des années 80, Stephen Norrington s’est hissé au niveau des plus grands spécialistes des effets spéciaux mécaniques, cosmétiques et animatroniques. On le trouve ainsi au générique de Greystoke, Gremlins, Le Secret de la pyramide, Aliens, Les Sorcières, Hardware ou encore Alien 3. Dix ans plus tard, il décide de passer à la mise en scène en dirigeant un scénario qu’il a écrit lui-même. Au menu : de la science-fiction, de l’action et des meurtres sanglants, le tout pour un budget très raisonnable de 500 000 livres. Inspiré par l’univers du jeu vidéo, la culture cyberpunk et l’Aliens de James Cameron, Norrington met en boîte un film d’une redoutable efficacité dont le montage final ne le satisfait pourtant jamais complètement. Si bien que quatre versions officielles de Death Machine existent aujourd’hui, longues respectivement de 85, 99, 111 ou 128 minutes. Cette sympathique série B, qui évoque aussi par endroits Universal Soldier et Robocop, développe un scénario minuscule autour d’une poignée de personnages caricaturaux, parmi lesquels Brad Dourif retrouve son rôle favori de psychopathe exubérant.
Nous sommes en 2003, donc dix ans dans le futur. Désormais, les guerres se livrent à l’aide de cyborgs et de machines sophistiquées dont la fabrication est la spécialité de la Chaank Corporation, un important consortium d’armement. Hayden Cale (Ely Pouget), une femme à la forte personnalité, devient justement directrice de l’exécutif de cette puissante entreprise. Lors d’une réunion de direction, elle propose le licenciement de Jack Dante (Brad Dourif), un inventeur de génie dont les graves troubles psychologiques l’empêchent de distinguer le bien du mal. Or Dante n’a aucune envie de quitter la société. Au contraire, il veut y semer le chaos et la destruction. Et pour cela, il dispose d’une nouvelle arme : « Warbeast », un robot guerrier extrêmement destructeur qu’il lâche bientôt dans la nature. Le massacre ne va donc pas tarder à commencer…
La mâchoire infernale
Le film vaut surtout pour le robot très impressionnant qu’il met en scène, une machine bipède armée de griffes énormes et d’une mâchoire gigantesque pivotante qui fait office de tête. Merveille mécanique qui évoque le Cain de Robocop 2, il donne une impression de vélocité extraordinaire grâce à un jeu permanent sur la cadence de prise de vues. Comme on ne peut presque jamais appréhender sa morphologie complète en plan large, sauf furtivement pendant le climax, l’imagination du spectateur travaille très efficacement. La scène la plus marquante du film est sans doute l’attaque du monstre métallique à l’intérieur d’un ascenseur où il provoque un véritable carnage. L’humour désamorce heureusement cette historiette qui n’aurait rien gagné à jouer la carte du sérieux imperturbable. Ainsi, lorsque Dourif est désarmé, il extrait de sa tenue un arsenal interminable dans une scène qu’on croirait échappée d’un film des Z.A.Z. On peut aussi signaler ce « Game Over » qui s’affiche dans la visée du robot lorsqu’il a tué un personnage, ou ces protagonistes qui s’appellent John Carpenter, Sam Raimi ou Scott Ridley ! Cette dérision permanente, gratifiée d’une réalisation nerveuse, permet au film de gagner un attrait que ni son intrigue ultra-légère ni ses protagonistes guère attachants ne lui auraient conféré. Fort impressionné par le résultat, le producteur Peter Frankfurt embauchera dans la foulée Stephen Norrington pour réaliser Blade.
© Gilles Penso
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