Une étudiante en dessin, fan de comic books d’horreur, réveille un démon ancestral qui sommeillait au fond d’une cave…
CELLAR DWELLER
1987 – USA
Réalisé par John Carl Buechler
Avec Debrah Farentino, Brian Robbins, Vince Edwards, Cheryl-Ann Wilson, Jeffrey Combs, Pamela Bellwood, Yvonne De Carlo
THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA CHARLES BAND
Après le coup d’essai du Maître du jeu, sur lequel il prouva ses capacités à diriger un court-métrage d’horreur efficace et distrayant garni de créatures originales, le roi des effets spéciaux de maquillage John Carl Buechler (Re-Animator, From Beyond) s’était vu confier par le producteur Charles Band et sa compagnie Empire la réalisation de son premier long, le fameux Troll. Sur sa lancée, Buechler dirige ensuite Cellar Dweller (dont on pourrait traduire le titre par « L’habitant de la cave ») sur un scénario signé Kit Du Bois. Derrière ce pseudonyme énigmatique se cache le débutant Don Mancini, sur le point de passer à la postérité l’année suivante grâce à Jeu d’enfant. Le prologue de Cellar Dweller met en scène Jeffrey Combs, portant quasiment la même tenue que l’Herbert West qu’il campait dans Re-Animator, si ce n’est qu’il a troqué sa seringue au contenu fluorescent contre un crayon. Il entre cette fois-ci dans la peau de Colin Childress, un dessinateur à succès des années 50 spécialisé dans les BD horrifiques façon EC Comics (d’où une certaine filiation entre l’atmosphère de Cellar Dweller et celle de Creepshow). Pour concevoir l’une de ses histoires, il utilise un livre mystique titré « Malédiction des Morts Anciens ». Mais en lisant à voix haute l’une des phrases de l’ouvrage et en dessinant le monstre que ce texte lui inspire, Childress invoque un démon dans le sous-sol qui lui sert de studio. La créature massacre une jeune femme et disparaît finalement dans l’incendie que provoque le dessinateur, mourant lui-même dans les flammes en emportant son secret…
Après ce prologue prometteur, la star de Re-Animator tire sa révérence et laisse la place à d’autres personnages. Car l’intrigue nous transporte alors trente ans plus tard. Transformée en petit institut artistique dirigé d’une poigne de fer par Madame Briggs (Yvone De Carlo, vénérable actrice des Dix Commandements et de la série Les Monstres), la maison de Childress accueille un petit groupe d’étudiants pratiquant diverses disciplines créatives. Un soir, Whitney Taylor (Debrah Farentino) se joint à eux. Passionnée par le travail de Childress, cette dernière veut prendre sa relève en concevant des comic books dans le même esprit. En fouillant la cave, elle découvre l’antique ouvrage qui jadis réveilla le démon. On devine la suite… Pour qui n’est pas trop regardant côté rigueur scénaristique, Cellar Dweller est un film plaisant et récréatif qui s’appuie principalement sur la présence de sa créature. Le texte ancien qui lui donne vie est plein d’emphase : « Il est à la fois loup-garou, vampire, démon et fantôme ; il déchirerait votre gorge pour en boire le sang et se nourrir de votre cerveau encore chaud. » A l’écran, la chose se concrétise sous forme d’une sorte de colosse velu et simiesque aux oreilles pointues et aux crocs aiguisés. On trouve là toutes les caractéristiques chères aux créations de John Buechler et son équipe, le masque animatronique étant porté par Michael S. Deak.
La bande décimée
Mais si Buechler connaît son affaire en matière de monstres exubérants et grimaçants, il ne sait visiblement pas comment diriger ses comédiens. Tous moins crédibles les uns que les autres, ils agissent ou réagissent généralement n’importe comment, au sein d’une mise en scène désespérément statique. Sans compter les absurdités que le scénario les pousse à faire (avec une mention spéciale pour l’apprenti-écrivain qui menace ses camarades avec un pistolet chargé pour entrer dans la peau de ses personnages, ou l’actrice en herbe qui pousse des hurlements d’horreur en pleine nuit pour évacuer sa nervosité). C’est donc le démon qui est le mieux loti dans cette histoire, surgissant dans une pénombre secourable (pour éviter de révéler le caractère mécanique de ses mimiques) et nous gratifiant de quelques effets gore cartoonesques (dont une décapitation à coup de griffe et un œil gobé en gros plan !). Peu avare en clins d’œil, le cinéaste place dans la chambre de l’héroïne des posters de Re-Animator, Troll, Dolls et Ghost Town. Les scènes les plus originales du film sont finalement celles où les dessins horrifiques griffonnés par Whitney (en réalité œuvre de Frank Brunner) se concrétisent à l’étage du dessus de fort sanglante manière. L’idée est intéressante, mais elle aurait sans doute mieux été exploitée dans un format court (un épisode d’Histoires de l’autre monde ou des Contes de la crypte par exemple) que sur la durée d’un long-métrage. Cellar Dweller sera exploité directement en vidéo en septembre 1988.
© Gilles Penso
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