Peter Parker nous invite à un grand tour d’Europe où il tente de faire les yeux doux à MJ et rencontre l’énigmatique Mysterio…
SPIDER-MAN FAR FROM HOME
2019 – USA
Réalisé par Jon Watts
Avec Tom Holland, Samuel L. Jackson, Zendaya, Jake Gyllenhaal, Jacob Batalon, Cobie Smulders, Jon Favreau, J.B. Smoove, Martin Starr, Marisa Tomei, Numan Acar
THEMA SUPER-HÉROS I ARAIGNÉES I SAGA MARVEL I SPIDER-MAN I AVENGERS
Vingt-troisième épisode de la saga Marvel et dernier opus de la « phase III » de ce vaste univers cinématique, Spider-Man Far From Home cherche à inscrire son intrigue dans le traumatisme lié à la disparition de Tony Stark à la fin de Avengers Endgame. Tom Holland campe donc un Peter Parker meurtri par la mort de son mentor. L’idée de la perte d’un modèle masculin adulte comme moteur d’une prise de responsabilité aurait pu ramener dans la vie du « tisseur de toile » les enjeux dramatiques initialement imaginés par Stan Lee, ceux qui avaient été oubliés dans Spider-Man Homecoming. Mais la mort de Tony Stark n’a pas du tout le même effet que celle de l’oncle Ben. Certes, Peter craint de devoir supporter le poids des responsabilités qui lui incombent depuis la dissolution des Avengers, mais les mêmes travers que le film précédent affleurent : les décisions du jeune héros continuent de dépendre de celles des aînés, l’empêchant d’acquérir la moindre autonomie. Les seuls véritables conflits vécus par ce personnage désespérément dénué d’aspérités sont ses envies de séduire MJ (Zendaya) au cours d’un voyage scolaire organisé en Europe par son lycée. On conviendra que c’est un peu maigre. Partant de ce postulat, Spider-Man Far From Home est un épisode globe-trotter qui nous emmène de New York à Londres en passant par Venise, l’Autriche, Prague, Berlin et la Hollande.
Les péripéties imaginées par les scénaristes Chris McKenna et Erik Sommers permettent de créer quelques dilemmes intéressants – reflets pour le coup assez fidèles des pages du comic book original – où Peter est obligé de choisir entre son devoir de super-héros et sa romance naissante. Car à peine arrivé à Venise, le petit groupe de lycéens assiste au surgissement d’un monstre aquatique monumental (visiblement inspiré du Hydro-Man créé par le scénariste Dennis O’Neil et le dessinateur John Romita en 1981) et d’un surhomme énigmatique seul capable visiblement de l’affronter : Mysterio (Jake Gyllenhaal). Contre son gré, Spider-Man est sollicité par Nick Fury pour prêter main forte à Mysterio et éviter que d’autres monstres du même acabit ne viennent mettre en péril la planète toute entière. Peter est donc contraint de s’éclipser régulièrement pour endosser son costume de super-héros. Ces situations embarrassante compliquent logiquement sa vie privée. Mais le parti pris de révéler l’identité de Spidey à un maximum de protagonistes (sa tante, son entourage proche, toute l’équipe de Nick Fury, Mysterio) annule tout bonnement l’un des ressorts dramatiques les plus prometteurs de l’intrigue. C’est une flagrante erreur d’écriture qui achève de faire de Parker un héros lisse et sans faille.
Petites intrigues anecdotiques
D’ailleurs, le traitement de la plupart des personnages de l’intrigue finit par poser problème. Tante May (Marisa Tomei) n’ayant plus aucune faiblesse (elle a une santé de fer et un moral d’acier), on se demande légitimement à quoi elle sert, si ce n’est à gêner son neveu avec la romance improbable qui la lie au balourd Happy (Jon Favreau). Mysterio n’est pas beaucoup mieux loti. Que l’on connaisse ou non le personnage réel de la BD, on ne peut qu’être perplexe face à la prestation de Jake Gyllenhaal qui ne rend pas du tout justice au personnage, malgré son costume exubérant fidèlement calqué sur celui dessiné jadis par Steve Ditko. Le côté grand frère amical et confident venu d’un monde parallèle est un peu difficile à avaler. Certes, il y a ce coup de théâtre à mi-parcours du métrage qui remet les choses en perspective, mais il est amené avec tant de maladresses – un long monologue qui explique tout à des gens qui sont déjà au courant – qu’il ne passe pas du tout. Finalement, la seule chose un peu réjouissante dans Spider-Man Far From Home, ce sont ces petite intrigues toutes bêtes entre adolescents, le jeu du chat et de la souris entre Peter et MJ, le couple désespérément mièvre de Ned (Jacob Batalon) et Betty (Angourie Rice), la maladresse pathétique des professeurs… Cet aspect comique, pour anecdotique qu’il soit, est plutôt bien géré. Tout le reste ressemble à un enchaînement de passages obligatoires auxquels personne – ni le réalisateur, ni les scénaristes, ni les comédiens – ne semble croire. Même Michael Giacchino ne sait visiblement pas où donner de la tête, composant une musique pompeuse indigne de son talent.
© Gilles Penso
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