LA GUERRE DES MONSTRES (1966)

Deux monstres géants et velus s’affrontent dans cette suite de Frankenstein conquiert le monde qui ne recule devant aucun excès…

FURAKENSHUTAÏN NO KAIJU / SANDA TAÏ GAILAH

 

1966 – JAPON

 

Réalisé par Inoshiro Honda

 

Avec Russ Tamblyn, Kumi Mizuno, Kenji Sahara, Kipp Hamilton, Jun Tazaki, Nobuo Nakamara, Hisaya Ito, Yoshifumi Tajima

 

THEMA FRANKENSTEIN

Un an après Frankenstein conquiert le monde, Inoshiro Honda en réalise une suite directe, sous l’impulsion de la Toho et du producteur Henry G. Saperstein. Le film met cette fois en scène deux sortes de monstres de Frankenstein. Le premier, Sanda, est le « héros » du film précédent, couvert ici d’un pelage brun. Le second, Gailah, verdâtre, s’est généré à partir d’une main coupée de Sanda dans le premier film. Sa mutation, combinée avec de la prolifération de plancton, lui donne les allures étranges d’une créature amphibie couverte d’algues. Le film démarre avec l’arrivée du docteur Paul Stewart (Russ Tamblyn) et de son assistante au Japon pour enquêter sur les décès inexpliqués survenus sur la côte de Kyoto. Peu après, le spectateur fan de films de grands monstres nippons peut admirer Gailah en train de détruire un navire, des trains et des buildings le long de la côte japonaise et à Tokyo. Le colosse est invulnérable face aux tirs de l’armée. Stewart préconise de cesser le feu, car d’après lui d’autres monstres pourraient se régénérer à partir des restes de celui-ci. Gailah est finalement endormi par un rayon laser. Sanda, plus pacifique que son frère, traverse les montagnes pour l’aider et le ramener sur le droit chemin. Mais Gailah refuse, et les deux monstres s’affrontent, histoire de justifier le titre du film.

Sous la décision du producteur américain Henry Saperstein, la version américaine de ce Furakenshutaïn no Kaiju, et donc celle qui nous parvint en France, efface tous les liens avec le premier film et toutes les références à Frankenstein. Le remontage de La Guerre des monstres ne présente donc plus aucun rapport avec la créature de Mary Shelley et se rapproche bien plus de King Kong. D’autant qu’ici, pour des raisons inexplicables, le colosse du film précédent et son jumeau sont affublés de longs poils, ce qui leur donne des allures de gorilles géants. Le flash-back entretient la confusion, présentant Sanda sous l’apparence d’une sorte de petit singe, alors qu’il ressemblait jadis à un enfant au visage karloffien. Russ Tamblyn remplace au pied levé Nick Adams, reprenant son rôle et se promenant sans conviction entre deux scènes de monstres.

Le combat des Gargantuas

Au cours d’une séquence mémorable, un groupe de joyeux randonneurs chante une ode à leur pays natal avant de s’enfuir à toutes jambes face à Gailah. Les effets spéciaux d’Eiji Tsuburaya oscillent entre la réussite (l’attaque de la pieuvre récupérée du film précédent, les décors miniatures, quelques plans composites) et le ratage (le look des monstres, les maquettes d’hélicoptères suspendues par des fils visibles, les incrustations catastrophiques sur fond bleu). La musique d’Akira Ifukube, quant à elle, évoque Bernard Herrmann pendant la belle scène d’ouverture, puis nous refait le coup classique de la marche militaire enjouée à chaque intervention de l’armée. En très grande forme, Gailah balance des tanks sur des maisons et attrape les hélicoptères au vol, puis les colosses disparaissent finalement dans un volcan monumental, certes improbable d’un point de vue géologique mais indéniablement très graphique. Aux États-Unis, le film sortira sous le titre War of the Gargantuas. Inoshiro Honda associé à Rabelais, qui l’eut cru ?

 

© Gilles Penso

 

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