Une jeune femme victime d’un accident est recueillie par un oncle et un cousin qui se livrent à d’étranges rituels…
SATAN’S SLAVE
1976 – GB
Réalisé par Norman J. Warren
Avec Michael Gough, Martin Potter, Barbara Kellermann, Gloria Walker, James Bree, Candace Glendenning
THEMA SORCELLERIE ET MAGIE
Habitué jusqu’alors au cinéma érotique, Norman J. Warren amorce avec L’Esclave de Satan sa première incursion dans le film d’horreur. Le résultat, qui laisse quelque peu perplexe, s’efforce maladroitement, mais avec une manifeste envie de bien faire, de marier l’épouvante britannique classique, façon Hammer Films, avec le gore excessif alors très en vogue chez les cinéastes italiens, Lucio Fulci en tête. La séquence d’introduction donne le ton : dans un luxueux manoir, une jeune femme se refuse à un homme aux allures aristocratiques qui ne l’entend pas de cette oreille et se montre particulièrement entreprenant. La mijaurée échappe à son étreinte mais, sur le point de quitter la maison, elle est rattrapée par l’homme, furieux, qui la tue en lui coinçant violemment la tête dans la porte d’entrée ! Le scénario adopte ensuite le point de vue de la jolie Catherine Yorke (Candace Glendenning), invitée avec ses parents à séjourner chez un de ses oncles. A l’issue d’un long trajet en voiture, un accident improbable tue net les parents de Catherine, qui se retrouve aussitôt hébergée par son vieil oncle. Celui-ci, incarné par le charismatique Michael Gough, vit avec son jeune fils Stephen (Martin Potter), qui n’est autre que l’assassin de la première séquence du film.
Passé ce prologue un tant soit peu intrigant, L’Esclave de Satan se refuse à tout développement scénaristique digne de ce nom, révélant dès lors d’incroyables vertus soporifiques. Car il ne s’y passe plus grand chose, les personnages passant le plus clair de leur temps à déambuler dans une campagne anglaise et brumeuse au demeurant fort bien éclairée par le chef opérateur Les Young. Quant à la caractérisation des protagonistes, elle relève carrément du laxisme total. Traumatisée par la mort violente de ses parents et éloignée de son petit ami resté en ville, Catherine n’en tombe pas moins subitement amoureuse d’un cousin pourtant fort peu engageant, au mépris de toute logique.
Le culte du sang
Du coup, le film a beau ne durer que 85 minutes, il semble s’étirer sur trois ou quatre interminables heures. Visiblement conscient du manque de péripéties de son film, Warren le ponctue régulièrement de séquences hallucinatoires plutôt gratinées. Notamment cette sorcière mise à nue, marquée au fer rouge puis brûlée dans la forêt. Ou cette cérémonie sacrificielle mélangeant saphisme et satanisme, avec la suggestion d’une pénétration à l’aide d’un gros crucifix en bois, un égorgement bien saignant et un corps de femme nue envahi par un serpent et de gros insectes ! Le cinéaste se laisse également aller à une accumulation de meurtres sanglants, avec en guise de point culminant une séquence d’œil crevé pour le moins impressionnante, servie par d’étonnants maquillages de Nick Maley. La justification de ces horreurs est l’appartenance de l’oncle et de son fils à un culte obscur, bien décidé à brûler Catherine le jour de ses vingt ans pour ressusciter son ancêtre direct, la sorcière Camilla Yorke. Dénué du moindre second degré, cet Esclave de Satan au titre trompeur se suit donc sans passion ni intérêt, malgré ses écarts sanglants surprenants, son atmosphère lourde et son twist final assez bien amené, qui n’est pas sans évoquer Rosemary’s Baby.
© Gilles Penso
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