Le succès du premier Rec appelait une suite que les duettistes Balaguero et Plaza conçoivent en se laissant inspirer par Aliens
[REC] 2
2009 – ESPAGNE
Réalisé par Jaume Balaguero et Paco Plaza
Avec Oscar Sanchez Zafra, Ariel Casas, Alejandro Casaseca, Pablo Rosso, Manuela Velasco, Ferran Terraza, Javier Botet
THEMA ZOMBIES I DIABLE ET DEMONS I SAGA REC
Pour capitaliser sur le succès de [Rec] et tenter la mise en place d’une franchise, Jaume Balaguero et Paco Plaza se sont prêtés au jeu de la séquelle. Le modèle narratif des deux cinéastes semble être Aliens, puisque les protagonistes sont ici une brigade d’intervention spéciale envoyée dans l’appartement barcelonais qui fut le théâtre du drame du premier film. Leur mission officielle consiste à éradiquer la menace et sauver les éventuels survivants. Mais officieusement, les choses s’avèrent un peu plus complexes… La première originalité de [Rec]2 consiste à multiplier les points de vue tout en conservant le principe de la mise en scène « subjective ». Car chaque membre de l’équipe de choc porte un casque équipé d’une caméra, offrant aux spectateurs la possibilité de suivre en parallèle plusieurs actions simultanées. Plus tard au cours de l’intrigue, d’autres caméras permettent d’ajouter des angles de vue additionnels et de nouvelles informations. Ce choix artistique permet de démarquer quelque peu [Rec]2 de son prédécesseur et d’assumer davantage son rapprochement avec l’univers d’un jeu vidéo de type « shoot’em up ». Le spectateur entre donc dans la peau des soldats, arpente les couloirs avec eux, attend que surgissent les créatures et dégaine aussi vite qu’il le peut. Les habitués d’immersions vidéoludiques sont ainsi en terrain connu.
La seconde originalité du film est plus liée à son écriture qu’à sa mise en scène. Avec leur co-auteur Manu Diez, Balaguero et Plaza ont en effet souhaité s’éloigner peu à peu de l’univers de George Romero pour chercher plutôt l’inspiration du côté de William Friedkin. Plus proche de L’Exorciste que de Zombie, [Rec]2 nous apprend en effet que les habitants de l’immeuble mués en monstres féroces ne sont ni des cadavres ambulants, ni des infectés façon 28 jours plus tard, mais de pauvres hères possédés par le démon ! Cette relecture du thème des zombies n’est certes pas inédite (Evil Dead et Démons mêlaient déjà avec bonheur morts-vivants et possession diabolique), mais elle permet à l’intrigue de rebondir là où on ne l’attend pas forcément et donne une dimension inattendue au huis-clos oppressant de cet appartement mué en véritable train fantôme.
Un sentiment de déjà-vu
Malgré ces idées nouvelles, force est de constater que [Rec]2 se contente d’arpenter les sentiers battus par le film précédent, accumulant des situations que nous connaissons déjà dans un lieu qui nous est désormais familier, jouant sur les mêmes mécaniques scéniques (le long couloir silencieux, les hurlements brusques et stridents, la caméra qui tremble, les protagonistes qui s’affolent, le son qui s’assourdit provisoirement, les prises de vue au night-shot) et ne bénéficiant plus véritablement de l’effet de surprise. A cet effet de déjà vu persistant s’ajoutent quelques incohérences difficiles à avaler (notamment liées à l’intrusion dans les lieux de nouveaux protagonistes) et l’incapacité du film à s’extraire du statut de simple exercice de style. Dans un domaine voisin, avec le même principe des caméras multiples, George Romero élaborait un discours passionnant dans Diary of the Dead, alors que [Rec]2 se contente d’exploiter l’aspect récréatif de son procédé sans jamais chercher à le transcender.
© Gilles Penso
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