L’INÉVITABLE CATASTROPHE (1978)

Le roi du cinéma catastrophe Irwin Allen convoque un parterre de stars pour conter l’invasion d’un essaim d’abeilles tueuses…

THE SWARM

 

1978 – USA

 

Réalisé par Irwin Allen

 

Avec Michael Caine, Katharine Ross, Richard Widmark, Richard Chamberlain, Olivia de Havilland, Henry Fonda, Bradford Dillman

 

THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS

L’Inévitable catastrophe démarre sur des chapeaux de roue. Aux accents d’une partition très dynamique de Jerry Goldsmith rappelant ses travaux sur Capricorn One ou Le Pont de Cassandra, une équipe en tenue de décontamination investit un site anti-missiles où gisent plusieurs cadavres exsangues, victimes d’un essaim d’abeilles venues d’Afrique et susceptibles de véhiculer la peste. Au cœur d’une cellule de crise mise en place dans l’urgence, l’entomologiste Brad Crane est chargé par la Maison Blanche de trouver une solution… Force est de reconnaître que les premières séquences d’action du film s’avèrent franchement réussies, notamment l’essaim des insectes obscurcissant le ciel, l’explosion des hélicoptères en plein vol (de belles maquettes) ou encore l’attaque d’une famille en plein pique-nique (les comédiens étant réellement couverts de centaines d’abeilles grouillantes). Mais bien vite, les dialogues surprennent par leur ineptie et les personnages par leur manque d’épaisseur. Même l’excellent Michael Caine surjoue sans retenue, ce qui est tout de même un comble (les mauvaises langues diront qu’à l’époque, le héros de Get Carter était moins regardant sur ses rôles et plus attentif au montant des chèques encaissés). Dans le rôle du docteur Crane, il convoque quelques stars sur le retour pour l’aider à endiguer la menace (Henry Fonda est le docteur Krim, Richard Chamberlain le docteur Hubbard), tandis que Katarine Ross se contente pour sa part de faire des sourires en arrière-plan.

Les répliques sentencieuses fusent alors, comme celle de Fonda affirmant avec aplomb : « ces petites bêtes vous embrassent, et vous avez deux minutes pour faire votre prière ». Alors que Crane se heurte à un général peu coopérant (Richard Widmark), Hubbard met au point un poison contre les abeilles et Krim un antidote contre leur venin. Mais rien ne fonctionne, ni même la pulvérisation d’un redoutable pesticide (joliment baptisé « neutracide ») ou les incendies provoqués au lance-flammes dans la ville de Houston. Ce sentiment d’impuissance face à la menace invertébrée est plutôt bien rendu, et un certain nombre de séquences de panique fonctionnent à plein régime, comme l’enfant alité à l’hôpital qui croit voir une abeille géante le menacer, la catastrophe ferroviaire consécutive à l’attaque de la locomotive par les abeilles ou encore l’explosion d’une centrale électrique.

Eau de rose

Mais la réussite des effets spéciaux de L.B. Abbott et l’ampleur du budget alloué au film ne camouflent guère le peu de soin apporté à la construction des protagonistes et de leurs relations, le pire venant probablement des pseudo-romances à l’eau de rose (les deux papys qui courtisent une vénérable maîtresse d’école pendant les préparatifs de la fête des fleurs, Michael Caine qui drague tranquillement Katarine Ross entre deux scènes d’attaques) que le scénario n’assume d’ailleurs même pas jusqu’au bout, préférant les abandonner en cours de route pour se concentrer sur la solution de dernière minute – hautement improbable – qui permet finalement d’occire les abeilles tueuses. En matière de film catastrophe, Irwin Allen était tout de même mieux inspiré lorsqu’il laissait la caméra à John Guillermin et Ronald Neame et se contentait de produire les prodigieux La Tour infernale et L’Aventure du Poséidon.

 

© Gilles Penso

 

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