SWEET SIXTEEN (1983)

Dans une petite ville américaine, les morts sanglantes s’accumulent autour d’une jeune fille qui s’apprête à fêter ses seize ans…

SWEET SIXTEEN

 

1983 – USA

 

Réalisé par Jim Sotos

 

Avec Bo Hopkins, Susan Strasberg, Patrick Macnee, Don Stroud, Dana Kimmell, Don Shanks, Aleisa Shirley, Steve Antin, Sharon Farrell, Logan Clarke, Michael Pataki

 

THEMA TUEURS

Le postulat de Sweet Sixteen évoque à priori celui d’Happy Birthday, sorti sur les écrans trois ans plus tôt. Pourtant les deux films diffèrent par bien des aspects, et si Jim Sotos assume l’influence des films d’horreur en général et des slashers en particulier, son film emprunte des voies inattendues qui l’emmènent aussi sur le terrain du thriller psychologique, de l’enquête policière et même de la chronique sociale de l’Ouest américain. Car l’intrigue se situe dans une petite ville où les rivalités entre les cowboys bourrus piliers de comptoirs et les minorités indiennes s’efforçant de vivoter paisiblement tournent souvent au vinaigre, sous l’arbitrage d’un shérif qui tente de maintenir un calme fragile dans la bourgade. Réalisateur d’une centaine de spots de pub, de clips musicaux et du thriller Viol sans issue avec Tanya Roberts et Nancy Allen, Jim Sotos (alias Dimitri Sotirakis) installe donc son récit dans un cadre qu’il veut crédible, ancré dans une réalité palpable où les tensions raciales sonnent juste. Erwin Goldman, auteur du scénario de Sweet Sixteen, avait d’ailleurs déjà approché la question de l’intolérance et du racisme – sur un ton très différent – à l’occasion de la série TV Room 22.

Le film tourne autour du personnage de Melissa Morgan (Aleisa Shirley). À l’aube de ses seize ans, la lycéenne vient de s’installer en ville avec ses parents et promène son étrange nonchalance sans laisser les hommes du coin indifférents. Or deux garçons à qui elle donne rendez-vous coup sur coup sont retrouvés morts, lardés de coups de couteaux, victimes d’un assassin psychopathe insaisissable. Le shérif Dan Burke (Bo Hopkins) mène l’enquête tout en s’occupant de ses deux enfants adolescents Marci et Hank (Dana Kimmell et Steve Antin). Si Melissa est mise hors de cause, les soupçons commencent à se former autour de Jason Longshadow (Don Shanks), un Indien qui travaille avec le père de la jeune fille sur des fouilles archéologiques et a déjà eu maille à partir avec quelques autochtones. Tandis que se collectent peu à peu les indices, Melissa prépare une fête pour célébrer ses seize ans, prélude à un inévitable bain de sang…

L’anniversaire macabre

La cohabitation entre le slasher et le western moderne est l’une des singularités les plus intéressantes de Sweet Sixteen, qui s’appuie sur une galerie de personnages singuliers. Vétéran de l’écran vu dans des films aussi variés que La Horde sauvage, Midnight Express ou American Graffitti, Bo Hopkins campe un shérif presque languide dont la voix traînante ne semble pas avancer au même rythme que le reste du film. Sa fille Marci (Dana Kimmell, l’une des ados de Meurtres en trois dimensions) passe son temps à dévorer des romans policier et s’imagine elle-même protagoniste d’un récit d’épouvante gothique. Les parents de Melissa sont incarnés par deux prestigieuses guest-stars : Susan Strasberg, fille du directeur de l’Actors Studio Lee Strasberg et héroïne de Hurler de peur, et Patrick MacNee (l’éternel John Steed de Chapeau melon et bottes de cuir), dans un registre austère et patibulaire qu’il joue à merveille en prenant la relève de Leslie Nielsen initialement prévu pour le rôle. Quant à Melissa (la quasi-débutante Aleisa Shirley, qui apparaissait la même année dans Le Guerrier de l’espace et avait en réalité vingt ans au moment du tournage), elle trouble tous les lycéens par sa beauté distante mais semble cacher des fêlures profondes. Ses regards perdus et son indolence s’accompagnent d’une chanson mélancolique écrite par Joel et Mark Werten et susurrée par Frank Sparks. Tout s’achemine vers une résolution mouvementée, du double point de vue physique et psychologique, avant l’inévitable fin ouverte achevant sous forme de point d’interrogation ce slasher décidément à part.

 

© Gilles Penso


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