Un cinquième épisode plus sombre que le précédent dans lequel Freddy s'apprête à devenir papa d'un joli bébé monstre !
A NIGHTMARE ON ELM STREET 5 – THE DREAM CHILD
1989 – USA
Réalisé par Stephen Hopkins
Avec Robert Englund, Lisa Wilcox, Erika Anderson, Valorie Armstrong, Michael Ashton, Beatrice Boepple
THEMA TUEURS I RÊVES I SAGA FREDDY KRUEGER
Même si elles ne présentent généralement pas beaucoup plus d’intérêt narratif que celles de Vendredi 13 ou de La Nuit des masques, les séquelles des Griffes de la nuit auront au moins eu deux mérites indiscutables. Le premier est d’avoir servi de starting-block à plusieurs metteurs en scène talentueux ayant pu par la suite diriger de réjouissants blockbusters. Ainsi, après Jack Sholder (Hidden), Chuck Russell (The Mask) et Renny Harlin (Die Hard 2), c’est au tour de Stephen Hopkins, futur réalisateur de Predator 2, de s’attaquer au mythe Freddy Krueger. Le second mérite de la saga d’Elm Street est d’avoir donné libre cours à l’imagination de nombreux créateurs d’effets spéciaux, leurs performances représentant l’intérêt majeur de ces films au cours desquels, avouons-le, on s’ennuie ferme entre deux scènes de cauchemar. Freddy 5 : l’Enfant du Cauchemar se situe juste après Le Cauchemar de Freddy, dont il reprend la protagoniste principale Alice Johnson (Lisa Wilcox).
Ce cinquième opus se veut plus sérieux, voire gothique, en imaginant que le tueur au pull rayé cherche à hanter les rêves du bébé qui sommeille dans le ventre de la jeune fille. Ses projets consistent à renaître dans le monde des vivants à travers ce futur nouveau-né. Pour empêcher la concrétisation d’une telle aberration – qui nous vaut le slogan « enfin papa ! » sur l’affiche du film – une seule personne semble requise : la propre mère de Freddy. Hélas, celle-ci a passé l’arme à gauche depuis belle lurette. La vérité sur la naissance de ce psychopathe griffu nous est alors révélée dans toute sa folie : Freddy est le fruit du viol collectif d’une infirmière par une centaine de malades mentaux dans une institution psychiatrique !
« Enfin papa ! »
Pour donner corps au scénario de Leslie Bohem (futur auteur des peu glorieux Daylight et Le Pic de Dante), une impressionnante armada de maquilleurs, de maquettistes, d’animateurs et d’artistes divers concocte des séquences d’effets spéciaux une fois de plus excessives, pour que les téléspectateurs familiers avec Les Cauchemars de Freddy (extension télévisée de la saga amorcée en 1988) puissent bénéficier sur grand écran d’un spectacle bien plus impressionnant. Les cauchemars rivalisent donc d’outrance : jeune homme fusionnant avec sa moto pour se muer en créature bio-mécanique, fan de comic book propulsé dans une bande dessinée grandeur nature, adolescente boulimique dont le visage enfle démesurément, décor vertigineux orné d’escaliers sens dessus dessous à la MC Escher, fœtus qui arbore le visage grimaçant de Freddy… Fait original : ici, chaque cauchemar est pris en charge par une compagnie d’effets spéciaux distincte, comme s’il s’agissait de petits films autonomes. Or c’est justement là que le bât blesse. En juxtaposant les idées et les visions originales au lieu de les harmoniser au sein d’une structure narrative digne de ce nom, Freddy 5 préfère l’accumulation à la construction et ne parvient donc jamais à captiver, son rythme global s’avérant souvent défaillant et chaotique. Sans doute les délais impossibles imposés à Hopkins – quatre semaines de tournage et quatre semaines de montage – sont-ils en partie responsable d’un résultat si bancal.
© Gilles Penso
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