TERRORVISION (1986)

Un monstre baveux venu d’une autre planète passe par les ondes télévisées pour dévorer les membres d’une famille américaine…

TERRORVISION

 

1986 – USA

 

Réalisé par Ted Nicolaou

 

Avec Diane Franklin, Chad Allen, Gerrit Graham, Mary Woronov, Jon Gries, Jennifer Richards, Alejandro Rey, Bert Remsen, Randi Brooks, Ian Patrick Williams

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I CINÉMA ET TÉLÉVISION I SAGA CHARLES BAND

Terrorvision est un film produit par Empire, la compagnie que dirigeait Charles Band avant sa faillite et la création de sa « petite sœur » Full Moon Pictures. Entreprise familiale s’il en est, le film est co-écrit par Charles et son père Albert Band et mis en musique par son frère Richard Band. À la réalisation, nous trouvons Ted Nicolaou, qui fit justement ses premières armes en dirigeant l’un des segments du film à sketches « maison » Le Maître du jeu et qui restera un fidèle collaborateur de Band, signant notamment les épisodes des franchises Subspecies et Dragonworld. Comme beaucoup de productions Empire, Terrorvision est tourné en studio en Italie. Les toutes premières images annoncent un film « cheap » et sympathique. Dans le cosmos lointain flotte une station spatiale (autrement dit une maquette constituée de plusieurs jouets assemblés entre eux, dont un modèle réduit de l’Enterprise de Star Trek). Nous sommes sur la planète Pluthon, où s’agite furtivement un extraterrestre humanoïde au visage reptilien. Bientôt, une boule lumineuse en dessin animé traverse l’espace jusqu’à la planète Terre. Le générique du film (une mauvaise chanson rock ultra-années 80 sur fond de parasites télévisés) nous fait comprendre que la finesse ne sera pas au rendez-vous. Cette impression est confirmée lorsqu’apparaissent les personnages principaux du film, autrement dit le père de famille idiot Stanley Putterman (Gerrit Graham, le « Beef » de Phantom of the Paradise), son épouse adepte de l’aérobic Raquel (Mary Woronov, la Calamity Jane de La Course à la mort de l’an 2000), leurs enfants caricaturaux (le fils Sherman se prend pour un militaire, la fille Suzy arbore une coupe de cheveux indescriptible et flirte avec un hard-rocker tête à claque) et le grand-père farfelu vétéran de la guerre (qui présente une troublante ressemblance physique avec Benny Hill).

Alors que Stanley vient d’installer non sans mal une nouvelle antenne télévisée dans le jardin et brandit fièrement une télécommande high-tech (une boîte en plastique avec des gros boutons), la lumière venue de l’espace frappe la parabole et les phénomènes étranges s’apprêtent à commencer. La soirée commence pourtant calmement : Stanley et son épouse vont chercher un couple d’amis, Suzy va retrouver son copain. Sherman et son grand-père en profitent pour paresser devant la télévision qui diffuse un programme présenté par Medusa (Jennifer Richards). Cette émule d’Elvira ou de Vampira, engoncée dans une tenue sexy et arborant une perruque faite de faux serpents en plastique, présente avec cynisme des films d’horreur et de science-fiction. Terrorvision en profite pour nous offrir quelques extraits de Tumak fils de la jungleRobot Monster, The Giant Claw ou Les soucoupes volantes attaquent. Mais la diffusion est interrompue par des interférences, et bientôt un monstre immonde et vorace se téléporte dans le salon, prêt à dévorer tout ce qui passe à sa portée…

Vorace et gluant

La créature en question est l’attraction majeure du film. Conçue par John Buechler (Ghoulies, Troll, Re-Animator), il s’agit d’une marionnette grandeur nature à la tête immense et à la gueule gigantesque garnie de dents acérées. Sa peau est visqueuse, ses yeux difformes, l’un de ses bras se termine en queue de scorpion, l’autre par un troisième œil protubérant. Bref, cette bête dégoulinante à souhait fait son petit effet et permet même de faire basculer le film à plusieurs reprises dans le gore cartoonesque et gluant. La même année, Buechler réalisait les effets spéciaux de From Beyond, dont nous retrouvons ici plusieurs composantes, sous un angle beaucoup plus burlesque. Mais entre les séquences répétitives où le monstre grogne et engloutit ses victimes humaines, il ne se passe pas grand-chose. Le potentiel vaudevillesque de la situation n’est pas vraiment traité, tous les acteurs surjouent en totale roue libre et chaque situation traîne désespérément en longueur. De plus, il est difficile de comprendre la cible visée par le film. Le côté bon enfant des scènes d’horreur et le jeune héros incarné par Chad Allen laissent imaginer que Terrorvision est destiné aux ados. Mais le film regorge d’allusions sexuelles (la soirée échangiste que préparent les parents, les peintures SM qui recouvrent tous les murs de la maison, le film porno diffusé sur le téléviseur, la fontaine qui expulse de l’eau par les seins d’une statue) qui contredisent cette impression première. Du coup le film passe inaperçu, n’a droit qu’à une sortie très furtive sur les écrans avant son exploitation en vidéo où il s’attirera un peu plus de suffrages.

 

© Gilles Penso

 

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