Une expédition se rend dans la jungle cambodgienne pour retrouver la formule capable de transformer les hommes en morts-vivants
REVOLT OF THE ZOMBIES
1936 – USA
Réalisé par Victor Halperin
Avec Dorothy Stone, Dean Jagger, Roy d’Arcy, Robert Noland, George Cleveland, Fred Warren, Carl Stockdale, William Crowell
THEMA ZOMBIES
Le réalisateur Victor Halperin et son frère producteur Edward avaient frappé très fort avec White Zombies (Les Morts-vivants), inaugurant de manière spectaculaire la très longue filmographie des zombies au cinéma en confiant à Bela Lugosi un rôle fascinant. Quatre ans plus tard, ils décident d’aborder le mythe sous un angle très différent, en se passant cette fois-ci des services de l’interprète de Dracula. De fait, contrairement à ce que son titre pourrait laisser entendre, Revolt of the Zombies n’est pas la suite de White Zombies mais une nouvelle relecture du thème des cadavres ambulants. Le film s’ouvre sur la frontière franco-autrichienne, en pleine première guerre mondiale. Le prêtre Tsiang (William Crowell), un aumônier cambodgien, y est emprisonné, pour la bonne et simple raison qu’il a le pouvoir de transformer les hommes en zombies, ce qui n’est guère apprécié par tout le monde. Cette idée scénaristique nous donne droit à une séquence surréaliste de guerre des tranchées où les occidentaux tirent en vain sur les poitrines indestructibles de soldats zombies asiatiques, avec en surimpression des yeux dominateurs qui sont d’ailleurs ceux de Bela Lugosi dans Les Morts-Vivants. Voilà une entrée en matière plutôt prometteuse.
Sur le point de brûler le parchemin contenant l’emplacement de la formule secrète de la vie éternelle, le prêtre est assassiné par le général Mazovia (Roy d’Arcy), qui compte bien s’en servir à son compte. Effrayés par les perspectives qu’ouvrent ces faits inquiétants, les gouvernements de toutes les nations se mettent d’accord pour partir en quête de la formule qui permet de créer des zombies et de la détruire une bonne fois pour toutes. On pense la trouver au Cambodge. La légende dit en effet que la somptueuse cité d’Angkor aurait été bâtie par des morts-vivants. La Révolte des zombies prend alors la tournure d’un film d’aventure exotique ne reculant pas devant les clichés d’usage. Un début d’idylle se noue ainsi entre Claire Duval (Dorothy Stone), la fille du chef de l’expédition archéologique, et Armand Louque (Dean Jagger), l’interprète. Les tourtereaux se fiancent, mais voilà qu’elle tombe dans les bras de son meilleur ami Clifford Grayson (Robert Noland). La romance mièvre et sirupeuse prend alors largement le pas sur l’intrigue fantastique.
Le troisième œil de Kali
L’intrigue rebondit enfin lorsque Louque, inspectant l’un des temples en pleine nuit, tombe sur une gravure semblable au parchemin de Tsiang et découvre un passage secret. Désormais en possession de la formule de création des zombies (le « secret du roi des Khmers »), il choisit son domestique Buna (Teru Shimada) comme premier cobaye. En émule du Bela Lugosi de White Zombies, l’amoureux éconduit assujettit dès lors les hommes en distillant un produit secret et en portant sa main sur son front, en souvenir du troisième œil de Kali. Du coup, le terme zombie semble un peu inapproprié pour décrire les créatures devenues ses esclaves, dans la mesure où il semble surtout s’agir d’hypnose et d’autosuggestion. C’est sans doute là que blesse le bât de La Révolte des zombies, dans son incapacité à bâtir une intrigue totalement cohérente malgré ses nombreuses idées originales et sa volonté d’inscrire le mythe des morts-vivants dans la grande histoire. Le spectateur se distrait tout de même grâce à des péripéties rocambolesques dignes d’un serial, de nombreux rebondissements et un final mouvementé, jusqu’à l’ultime retour au calme s’achevant sur une de ces phrases sentencieuses dont le cinéma de genre de l’époque avait le secret : « seuls les dieux peuvent détruire ce qu’ils ont créé. »
© Gilles Penso
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