Le sinistre docteur Mengele a survécu à la guerre et se lance dans une expérience de clonage visant à remettre sur pied le IIIème Reich…
THE BOYS FROM BRAZIL
1978 – GB
Réalisé par Franklin J. Schaffner
Avec Laurence Olivier, Gregory Peck, James Mason, Lili Palmer, Michael Gough, Linda Hayden, Steve Guttenberg, Jeremy Black
THEMA MÉDECINE EN FOLIE
Dix ans après La Planète des singes, Franklin J. Schaffner met à nouveau en scène avec un réalisme troublant une histoire de science-fiction reposant pourtant sur un argument hautement fantaisiste. Il prouve une fois de plus à quel point il sait être à son aise dans ce genre d’exercice de style, se rapprochant ici des premières œuvres de Peter Hyams (c’est d’ailleurs la même compagnie de production britannique, ITC, qui produisit l’excellent Capricorn One l’année précédente). Dans le cas présent, c’est Ira Levin (« Un bébé pour Rosemary ») qui écrivit en 1976 le roman à la base du scénario. Le sinistre docteur Josef Mengele (Gregory Peck) s’est réfugié au Paraguay où il poursuit des expériences commencées pendant la seconde guerre mondiale, à l’époque où il était surnommé « l’ange de la mort ». Son portrait, tel qu’il est énoncé dans le film, fait froid dans le dos : « C’était le médecin en chef d’Auschwitz, qui tua deux millions et demi de personnes, fit des expériences sur des enfants, juifs et non juifs, utilisant principalement des jumeaux, injectant des teintures bleues dans leurs yeux pour les transformer en aryens acceptables, amputant des membres et des organes par milliers sans anesthésie… »
Ayant prélevé des cellules vivantes sur hitler avant sa mort, il entend bien en créer un clone parfait en injectant lesdites cellules à quatre-vingt-quatorze femmes sélectionnées sur le volet. Disséminées aux quatre coins du globe, celles-ci appartiennent à des familles catholiques du nord et sont mariées à des hommes plus âgés qu’elles. La folle idée de Mengele est de faire grandir ses futurs hitler dans le contexte familial le plus proche possible de celui de l’ancien dictateur. Dès que les enfants ont atteint les quatorze ans, leurs pères sont donc assassinés. Barry Kohler (Steve Guttenberg), un jeune Américain qui réside au Paraguay, découvre l’abject projet et contacte à Vienne Ezra Lieberman (Laurence Olivier), un célèbre chasseur de nazis. Incrédule, Lieberman va se rendre à l’évidence face au nombre important d’hommes de soixante-cinq ans qui meurent dans les mêmes étranges circonstances…
La führer de vivre
Ce point de départ aurait pu donner naissance à une de ces séries B excentriques dont raffolaient les années 50 et 60, mixant les savants fous nazis et la science-fiction comme dans They Saved Hitler’s Brain, Le Roi des zombies ou Le Commando des morts-vivants. Mais ici la crédibilité est de mise, accentuée par la sinistre véracité du personnage historique de Mengele (qui vivait encore à Sao Polo à l’époque où le film fut réalisé), et par le véritable avancement des recherches génétiques en matière de clonage. Le casting est à l’avenant, composé de géants comme Gregory Peck (échappant pour une fois aux rôles de héros qui firent sa gloire), James Mason et Laurence Olivier. Assez curieusement, ce dernier joue ici le chasseur de nazis (en s’inspirant d’un autre personnage réel, Simon Wiesenthal) alors qu’il fut un mémorable ancien docteur SS dans Marathon Man deux ans plus tôt, prouvant l’éclectisme de son immense talent. Quant à l’enfant choisi pour incarner hitler adolescent (Jeremy Black), il s’avère inquiétant à souhait et n’est pas sans nous rappeler le Damien de La Malédiction. A travers son regard glacial, c’est l’éternel mythe de l’apprenti-sorcier qui se décline une nouvelle fois, s’appuyant sur la réalité historique la plus abjecte pour mieux questionner notre futur. Un film choc, assurément.
© Gilles Penso
Complétez votre collection
Partagez cet article