Vanessa Paradis, Jean-Pierre Marielle et Benoît Poelvoorde font face à une invasion de méduses géantes extra-terrestres…
ATOMIK CIRCUS
2004 – FRANCE
Réalisé par Didier et Thierry Poiraud
Avec Vanessa Paradis, Jason Flemyng, Benoît Poelvoorde, Jean-Pierre Marielle, Dominique Bettenfeld, Venantino Venantini
THEMA EXTRA-TERRESTRES
Les frères Poiraud se sont d’abord fait remarquer par leurs courts-métrages déjantés, mélange d’animation en volume et de prises de vues réelles, marqués par l’influence de David Lynch, Sam Raimi et Tim Burton. Leur passage au long-métrage était attendu avec une curiosité mêlée de perplexité, les duettistes ayant souvent privilégié une forme originale aux dépens de scénarios un peu chaotiques. Or le même travers handicape Atomik Circus, qui démarre pourtant de fort prometteuse manière. Nous sommes à Skotkett City, une petite bourgade paysanne perdue dans des bayous qui pourraient tout aussi bien se situer en France profonde ou en Louisiane. Là des autochtones qui n’auraient guère dépareillé dans Délivrance préparent avec ardeur le festival de la tarte à la vache, dont le point culminant sera le micro-crochet récompensant la meilleure performance musicale. La jolie Concia (Vanessa Paradis) a toutes ses chances, d’autant qu’elle est soutenue par son père Bosco (Jean-Pierre Marielle), notable de la ville qui tient le bistrot où se déroulera cet événement. C’est dans cette ambiance étrange que débarque Allan Chiasse (Benoît Poelvoorde), impresario en panne de voiture obligé de faire halte dans ce trou perdu. Tombant sous le charme de Concia, il lui promet monts et merveilles. Les choses se corsent lorsqu’interviennent James Bataille (Jason Flemyng), le petit ami de Concia tout juste évadé de prison, et une armada de créatures extra-terrestres redoutables surgissant de leur monde parallèle suite au crash d’une météorite à deux pas de Skotlett City.
D’emblée, Atomik Circus se positionne comme un produit hybride à mi-chemin entre l’impertinente comédie à la française (comme en témoigne le choix des trois acteurs principaux) et la science-fiction rétro largement imbibée de culture pulp. On y trouve ainsi pêle-mêle les influences des romans futuristes des années 50 aux couvertures criardes, des bandes dessinées déjantées généreuses en aliens baveux et des serials des années 20 et 30. D’où un sous-titre fort évocateur : « le retour de James Bataille ». Mais le héros en question n’occupe qu’un rôle secondaire, comme si les remaniements du scénario avaient peu à peu recentré le film sur les têtes d’affiche susceptibles d’attirer les amateurs d’humour bien de chez nous.
La mayonnaise atomique
Poelvoorde, Marielle et Paradis nous offrent certes des prestations mémorables, agrémentées de dialogues souvent hilarants. Mais Atomik Circus ne sait jamais sur quel pied danser, se lâchant soudain en livrant sur les écrans des centaines de méduses extra-terrestres en 3D et des séquences gore à la Peter Jackson. « Ces dernières étaient quasiment improvisées », raconte le maquilleur spécial Jean-Christophe Spadaccini. « Nous sommes arrivés sur le plateau avec tout un stock de mannequins, de fausses têtes, de membres, de tentacules de faux sang, et nous nous sommes laissés aller sur place. Ce tournage était un véritable terrain de jeu. A la fin, nous étions tous rouges de la tête aux pieds ! » (1) Indépendamment, ces séquences fonctionnent comme autant de gags isolés, mais l’ensemble prend un tour indigeste regrettable. Quant au final, soutenu par une voix off incompréhensible, il atteint les sommets de l’absurde et de l’incohérence, empêchant définitivement la mayonnaise atomique de prendre.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2004
© Gilles Penso
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