GATE II (1990)

Une séquelle du petit film culte de Tibor Takacs qui s’efforce de développer la mythologie des « minions » diaboliques…

GATE II : THE TRESPASSERS

 

1990 – CANADA

 

Réalisé par Tibor Takacs

 

Avec Louis Tripp, Simon Reynolds, James Villemaire, Pamela Segall, Neil Munro, James Kidnie, Irene Pauzer

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS

Pas totalement satisfait par The Gate, qu’il destinait à l’origine aux pré-adolescents, Tibor Takacs décide à la fin des années 80 de profiter de son petit succès pour en réaliser une séquelle mieux ciblée à son goût. Le jeune Terry (Louis Tripp) revient donc dans la maison de son ami Glen, envahie par les démons dans le film précédent. Pour que son père alcoolique retrouve son emploi de pilote de ligne, il invoque à nouveau les démons. Il est surpris en pleine incantation par deux loubards et leur amie Liz (Pamela Adlon), qui deviennent ses assistants improvisés. Étant donné les nombreuses maladresses de The Gate, que ne réussissaient pas à sauver totalement des trouvailles visuelles pourtant extraordinaires, le pire était à craindre avec cette séquelle. Effectivement, les choses s’amorcent de manière peu rassurante : le retour du héros du film précédent, désormais adolescent, un prétexte incohérent pour ramener dans notre monde les démons, une idylle pas crédible pour un sou, des teenagers bêtes et méchants, l’évacuation de toute allusion à H.P. Lovecraft…

Pourtant, Gate II se regarde sans trop de déplaisir. Peut-être est-ce dû à la légèreté volontaire avec laquelle le sujet est abordé cette fois-ci, à son rythme plus trépidant, aux débordements de ses effets spéciaux et à la dimension apocalyptique que prend peu à peu le récit. Certes, le scénario est presque strictement dénué d’intérêt, mais la frénésie qui règne dans le film au bout d’un petit quart d’heure est presque plus divertissante que les langueurs sans but du premier film. Tibor Takacs réussit même à retrouver les insolites atmosphères dont il a le secret dans la première partie du film, lorsque le petit démon gît, immobile mais inquiétant, dans un bocal de formol, ou lorsque la musique du film accompagne progressivement la mélodie sommaire d’une boîte à musique.

Démons de toutes tailles

Les maquillages de Craig Reardon pour le petit démon et les transformations finales sont très impressionnants. Quant aux effets d’animation de Randy Cook, d’une fluidité et d’une nervosité très étonnantes, ils matérialisent les agitations les plus frénétiques du démon en question. « C’est Andrea Ladányi, une grande danseuse hongroise, qui jouait le rôle du Minion, sous le costume de Craig Reardon », raconte Randy Cook. « J’étais très excité à l’idée d’avoir quelqu’un de son talent pour interpréter le monstre, et j’ai inventé beaucoup d’actions spectaculaires que seule une grande ballerine pouvait faire. Malheureusement, le costume de Craig, conçu en uréthane, était tellement rigide qu’il a fallu le couper aux articulations en laissant de grandes fentes. Andrea pouvait à peine bouger, les bords du costume lui coupaient la peau, et l’ensemble était tellement lourd qu’un jour elle a failli s’évanouir. J’ai donc dû reconcevoir beaucoup de plans en stop-motion. » (1) Vers la fin du film, l’animation est mise à contribution pour le démon simiesque de trois mètres de haut qu’est devenu l’un des deux voyous. Couvert d’écailles, doté de pattes de bouc à la Ray Harryhausen et de trois doigts griffus par main, le démon cligne de petits yeux globuleux et effectue des bonds très spectaculaires au-dessus des acteurs réels. Il demeure à vrai dire l’un des attraits principaux d’un film qui, par ailleurs, s’avère peu mémorable. La « saga » The Gate s’arrêtera du coup sur ce second opus.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en mai 1999

 

© Gilles Penso

 

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