Danny Boyle réunit un casting quatre étoiles pour cette histoire exubérante d’anges venus du ciel pour unir un couple de force
A LIFE LESS ORDINARY
1997 – GB / USA
Réalisé par Danny Boyle
Avec Ewan McGregor, Cameron Diaz, Ian Holm, Holly Hunter, Delroy Lindo, Stanely Tucci, Dan Hedaya, Tony Shalhoub
Après Petits meurtres entre amis et Trainspotting, Danny Boyle et son acteur fétiche Ewan McGregor s’attaquent à un nouveau mélange des genres avec cette Vie moins ordinaire qui s’efforce de mixer comédie romantique, conte fantastique et polar musclé. Tout commence dans le décor surexposé d’une espèce d’administration où chaque employé est tout de blanc vêtu. Nous sommes au Ciel, et Dieu a confié à l’ange Gabriel (Dan Hedaya) la mission d’unir un homme et une femme que tout sépare. O’Reilly et Jackson, deux anges aux méthodes expéditives incarnés par Holly Hunter et Delroy Lindo, sont donc chargés de prendre les choses en main. En cas d’échec, ils seront condamnés à rester en exil sur Terre. Autant dire que la pression est grande, d’autant que l’affaire semble loin d’être gagnée. Robert, l’homme qui est visé (Ewan McGregor) est un agent d’entretien qui rêve de devenir écrivain et qui est renvoyé du jour au lendemain pour être remplacé par un robot. Furieux, il se rend chez son irascible patron (Ian Holm) et, en désespoir de cause, kidnappe sa fille Celine (Cameron Diaz), une oisive exubérante mariée à un dentiste riche et ennuyeux (Stanley Tucci) qui, pour la distraire, accepte de poser une pomme sur sa tête tandis qu’elle joue à Guillaume Tell avec un pistolet.
Bien peu doué pour proférer correctement des menaces téléphoniques et des demandes de rançon, Robert finit par amuser son otage, à tel point que leur relation prend une tournure absurde. « C’est tout ce que je suis pour toi ? Ton dernier kidnappeur en date ? Un accessoire de mode ? » assènera-t-il à une Celine plus prompte à prendre les choses en main que lui. Pour jeter ces deux êtres l’un dans les bras de l’autre, nos deux anges mercenaires vont tester les stratagèmes les plus excentriques, mais rien ne semble fonctionner… L’argument d’Une vie moins ordinaire est donc des plus plaisants, et le ton dérisoire du film, souvent à la limite du cartoon, a tout pour séduire. D’autant que ces deux anges maniant des armes à feu, provoquant des carambolages et effectuant d’aberrantes cascades nous changent des habituels chérubins doucereux et moralisateurs.
Anges ou démons ?
Mais à force de vouloir autant amalgamer les styles, les genres et les influences, Danny Boyle se retrouve avec un film patchwork qui semble ne pas trop savoir où il va et s’emmêle un peu les pinceaux. L’intérêt du public s’émousse donc un peu face à ce spectacle inégal, et c’est d’autant plus dommage que les acteurs sont pétillants et que de nombreuses scènes de comédie pure font souvent mouche. Parmi les trouvailles visuelles du film, on se souviendra de ces visions colorées du cœur de notre héros, ou encore du générique de fin, qui raconte l’épilogue sous forme d’un formidable film d’animation en pâte à modeler signé Mike Mort, le créateur de la burlesque série animée Gogs. Une Vie moins ordinaire ne fut guère le succès escompté par Danny Boyle et son producteur Alex MacDonald, et n’arriva pas à la cheville de leurs deux films précédents en matière de box-office et d’accueil critique. Cinq ans plus tard, le cinéaste s’essaiera à nouveau au genre fantastique avec le remarquable 28 jours plus tard.
© Gilles Penso
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