À bord de la station spatiale internationale, une forme de vie étrangère ramenée de Mars commence à croître et se déployer…
LIFE
2017 – USA
Réalisé par Daniel Espinosa
Avec Jake Gyllenhaal, Rebecca Ferguson, Ryan Reynolds, Hiroyuki Sanada, Ariyon Bakare, Olga Dihovichnaya, Naoko Mori
THEMA EXTRA-TERRESTRES
Un groupe d’astronautes coincés dans un huis-clos spatial et décimés un à un par une forme de vie extra-terrestre : de prime abord, le postulat de Life se contente de reproduire servilement celui d’Alien. La référence est ouvertement assumée par l’affichage du titre sur fond cosmique, lettre par lettre, imitant fidèlement les premières minutes du classique de Ridley Scott. Mais à peu de choses près, les ressemblances s’arrêtent là. Les décors industriels, sombres et suintants de 1979 cèdent ici le pas à un environnement clair, sobre et presque clinique. Aux designs biomécaniques quasi-surréalistes de H.R. Giger succède un univers technique réaliste et fonctionnel qui s’appuie sur l’imagerie réelle des missions de la station spatiale internationale que le grand public connaît bien depuis son inauguration en 1998. Le cadre est familier, connu, tangible. L’horreur s’y immiscera avec d’autant plus d’impact. L’idée de ce film s’appuie d’ailleurs sur un événement réel : l’exploration de la planète Mars par l’astromobile Curiosity. Que se serait-il passé si le petit véhicule avait découvert un organisme vivant et l’avait ramené à bord de l’ISS ? En partant de ce postulat, les producteurs David Ellison et Dana Goldberg confient à Rhett Reese et Paul Wernick (Bienvenue à Zombieland, Deadpool) l’écriture d’un scénario qui sera mis en scène par le réalisateur suédois Daniel Espinosa, dirigeant là son quatrième long-métrage pour un studio américain. La finesse et la noirceur de Life surprennent d’autant plus que son duo d’auteurs semblait jusqu’alors spécialisé dans la bonne grosse comédie, à mille lieues de l’atmosphère oppressante de Life.
C’est par un plan-séquence qui semble vouloir prendre le contrepied de ceux de Gravity (l’agoraphobie suscitée par Alfonson Cuaron se mue ici en claustrophobie) que commence Life. Nous y découvrons une ISS en tous points conforme à celle de la réalité. Six collègues complémentaires venus d’horizons différents y travaillent main dans la main : une commandante russe (Olga Dihovichnaya), un officier britannique (Rebecca Ferguson), un pilote japonais (Hiroyuki Sanada), un exobiologiste, un ingénieur et un médecin américains (Ariyon Bakare, Ryan Reynolds et Jake Gyllenhaal). Un vent d’excitation secoue la petite équipe lorsqu’une sonde de retour de Mars ramène un échantillon de sol de la planète rouge qui pourrait contenir des signes de vie extra-terrestre. Après analyse, un organisme pluricellulaire fait en effet son apparition. La nouvelle se propage sur Terre et provoque un enthousiasme planétaire. Un concours est même lancé auprès des écoles pour nommer cet organisme, qui se retrouve donc baptisé « Calvin ». Mais le gentil petit « blob » ne tarde pas à grandir et à manifester un comportement hostile qui finit par mettre en danger tout l’équipage…
Le septième passager
C’est lentement, étape par étape, que la situation du film dégénère. La perte de contrôle est progressive, et si l’angoisse diffuse se mue progressivement en cauchemar inexorable, le récit ne perd jamais son caractère plausible. La force de Life réside justement dans sa quête permanente du comportement crédible, du dialogue juste, de la péripétie réaliste, loin des canons traditionnels du cinéma d’horreur qui n’hésite pas à forcer le trait pour secouer leurs spectateurs. Les effets visuels eux-mêmes sont d’autant plus réussis qu’ils ne sont jamais ostentatoires, qu’il s’agisse de ces très beaux panoramas spatiaux au-dessus de la Terre, de ces prises de vues acrobatiques suivant les astronautes dans leurs évolutions en apesanteur à l’intérieur ou à l’extérieur de la station, mais aussi et surtout de la visualisation de cette entité extra-terrestre dont la forte personnalité est parfaitement détectable malgré sa forme délibérément non-anthropomorphe. On pense d’abord à un organisme monocellulaire, puis à une plante, puis à un céphalopode. Plus « Calvin » évolue, plus il montre sa force, sa rapidité, son endurance, son intelligence et son absence de pitié. « Il ne fait que survivre » dit le biologiste qui culpabilise encore plus que les autres pour avoir éveillé et stimulé cette chose sans en mesurer les conséquences. « L’existence de la vie passe par la destruction ». Malgré l’absence d’un visage où pourrait se nicher une quelconque expression, il nous semble à tout moment pouvoir lire les pensées, les volontés et la détermination de cette créature qui ne ressemble à rien de connu. Life se vit donc comme une expérience éprouvante dont le dénouement glaçant hante longtemps les esprits…
© Gilles Penso
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