Un détective privé enquête sur une série de morts mystérieuses qui tournent toutes autour d’une jeune femme énigmatique…
THE CURSE OF THE BLACK WIDOW
1977 – USA
Réalisé par Dan Curtis
Avec Anthony Franciosa, Donna Mills, Patty Duke Astin, June Lockhart, June Allyson, Max Gail, Jeff Corey, Roz Kelly
THEMA ARAIGNÉES
Mixant l’enquête policière et l’argument purement fantastique, un mariage dont il s’est souvent fait une spécialité, Dan Curtis se lance ici dans un téléfilm que ne nous convainc hélas qu’à moitié. Pourtant, le point de départ était pour le moins intrigant. Tout commence un soir, avant la fermeture d’un bar. Deux hommes boivent un dernier verre. Soudain, une étrange jeune femme (Patty Duke) fait irruption dans l’établissement et demande si quelqu’un veut l’aider à faire démarrer sa voiture. Frank Chatam (James Storm), l’un des deux consommateurs, sort et accompagne la jeune femme jusqu’au parking. Quelques instants plus tard, le barman et Mark Higbie (Anthony Franciosa), le second client, entendent des hurlements horribles. Ils se précipitent et découvrent Chatam mort, gisant sur l’asphalte. Higbie est détective, ce qui tombe plutôt bien. Il marche ainsi sur les traces de Carl Kolchak, un reporter spécialisé dans les affaires surnaturelles que Dan Curtis imagina pour le téléfilm The Night Stalker en 1972.
Engagé par la fiancée de la victime, Higbie doit mener une enquête qui s’annonce périlleuse, jonchée de cadavres vidés de leur sang et couverts de toiles d’araignée. Quant aux rares témoins, ils n’osent délier leur langue tant ce qu’ils ont vu semble terrifiant et difficile à croire. Higbie parvient à identifier la jeune femme du bar, une certaine Valerie Steffan, et en vient à soupçonner un amant jaloux dans la mesureb où la plupart des victimes semblent avoir eu une liaison avec cette étrange demoiselle aux longs cheveux noirs. Mais cette piste aboutit vite à une impasse, et il faut visiblement chercher ailleurs. En remontant jusqu’aux vieilles légendes indiennes, Higbie aboutit alors à une incroyable conclusion : la jeune femme, piquée dans sa jeunesse par une veuve noire en pleine jungle, se métamorphose régulièrement en araignée géante et tue ses proies en les vidant de leur sang.
Une bête échappée des fifties
L’argument semblait prometteur mais hélas c’est le carton-pâte qui tient ici la vedette, comme en témoigne l’araignée tueuse qu’on entrevoit à la fin, sorte de baudruche géante nantie de longues pattes qui n’aurait guère dépareillé dans une petite série B de SF des années 50, façon Cat Women on the Moon ou Queen From Outer Space. Le monstre tarde d’ailleurs beaucoup à montrer le bout de ses mandibules, la majeure partie du film se contentant de visions subjectives à huit yeux du plus curieux effet. Si l’araignée géante semble échappée des fifties (accompagnée en outre d’effets sonores empruntés au Rodan d’Inoshiro Honda), la bande originale de Bob Cobert, collaborateur régulier de Dan Curtis, verse en revanche sans concession dans le disco alors très en vogue en cette bonne vieille année 1977, irrémédiablement marquée par La Fièvre du samedi soir. Pour le reste, l’action est la plupart du temps remplacée par de longs dialogues et se trouve parsemée d’invraisemblances. Régulièrement, des fausses pistes s’efforcent de relancer l’intérêt de l’intrigue policière. Seul le dénouement, situé dans l’antre sinistre du monstre, empli de toiles gluantes et de squelettes desséchés, réussit un peu à surprendre. Mais le grand incendie final et le faux happy-end de dernière minute, inscrivant la malédiction dans un cycle prêt à recommencer, sacrifient sagement aux lieux communs du genre.
© Gilles Penso
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