POSEIDON (2006)

Wolfgang Petersen signe le remake réussi d’un des plus célèbres films catastrophe des années 70

POSEIDON

 

2006 – USA

 

Réalisé par Wolfgang Petersen

 

Avec Josh Lucas, Kurt Russell, Jacinda Barrett, Richard Dreyfuss, Jimmy Bennett, Emmy Rossum, Mike Vogel, Mia Maestro

 

THEMA CATASTROPHES

Au début des années 2000, suivant la vogue des remakes fleurissant partout sur les écrans hollywoodiens, les studios Warner ont senti le fort potentiel commercial et artistique d’une nouvelle version de L’Aventure du Poséidon. Et c’est à Wolfgang Petersen qu’échut la lourde tâche de succéder à Ronald Neame. Un choix qui semble évident lorsque l’on sait que ce vétéran du cinéma d’action s’est déjà frotté par deux fois aux navires en perdition, à l’occasion de Das Boot et En pleine tempête. En guise de prologue, un magnifique plan-séquence nous fait découvrir le fier paquebot sillonnant l’océan Atlantique, une acrobatique caméra aérienne le dévoilant sous toutes ses coutures aux accents de l’emphatique partition de Klaus Badelt. Poséidon respecte la trame narrative de son modèle, tout en proposant aux spectateurs de s’attacher à de nouveaux protagonistes. Au lieu de multiplier les stars (qui s’alignaient avec opulence sous forme de vignettes sur les posters des films catastrophes des années 70), le casting ne s’octroie que deux têtes d’affiches (l’impérial Kurt Russell et le savoureux Richard Dreyfuss), confiant les autres rôles clé à de solides comédiens moins surexposés, notamment Josh Lucas (Un homme d’exception), Emmy Rossum (Le Fantôme de l’Opéra), Mike Vogel (Massacre à la tronçonneuse) et Kevin Dillon (Le Blob).

En un petit quart d’heure, le scénario de Mark Protosevich nous familiarise avec les héros et leurs problématiques, mais bien vite la catastrophe survient, et dès lors le film fait monter la tension crescendo, palier par palier, sans la moindre perte de rythme, soumettant du coup les nerfs de spectateurs à une bien rude épreuve. Car dans Poséidon, nous sommes soumis aux peurs les plus basiques, aux terreurs les plus primaires et les plus animales : la claustrophobie, le vertige, la noyade, le feu, l’obscurité, l’inconnu… et la mort, qui vient régulièrement faire la nique à nos infortunés rescapés à travers les innombrables cadavres jonchant chacun des vingt étages du majestueux navire mué en titanesque cercueil flottant.

Le cercueil marin

On n’en finirait plus de citer les morceaux d’anthologie qui scandent cet excellent remake, de l’impact colossal de la vague sur le flanc du bateau jusqu’à l’ultime échappatoire des derniers survivants, en passant par l’éprouvante séquence du pont suspendu et l’effroyable traversée d’une étroite canalisation s’emplissant progressivement d’eau bouillonnante. Certes, les effets numériques d’ILM et les monumentaux décors édifiés dans les studios Warner participent pleinement à l’efficacité de ce spectacle à mi-chemin entre le train fantôme et le parcours du combattant. Mais les moments les plus marquants du film se déroulent souvent dans quelques mètres carrés plongés dans la pénombre, preuve que le savoir-faire de Wolfgang Petersen et la conviction de ses comédiens sont les atouts majeurs de Poséidon. Le film parvient même à éviter la comparaison avec Titanic dont il reproduit pourtant plusieurs motifs visuels et thématiques. Bref, le pari a été remporté haut la main, à tel point qu’on passe volontiers l’éponge sur les grosses incohérences qui ponctuent parfois le script et sur une caractérisation à la limite de la caricature.

 

© Gilles Penso

 

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