CAPITAINE KRONOS : TUEUR DE VAMPIRES (1974)

Pour varier les plaisirs, le studio Hammer tente le mélange des genres avec ce mixage entre l’épouvante et le film de cape et d’épée…

CAPTAIN KRONOS : VAMPIRE HUNTER

 

1974 – GB

 

Réalisé par Brian Clemens

 

Avec Horst Janson, Caroline Munro, John Carson, Shane Briant, John Cater, Lois Dane, William Hobbs, Brian Tully, Robert James

 

THEMA VAMPIRES

Au milieu des années 70, le studio Hammer a nettement l’impression d’avoir fait le tour du mythe du vampirisme, notamment à travers ses nombreuses variations autour de Dracula. Pour continuer à rentabiliser le filon, le talentueux scénariste Brian Clemens passe à la mise en scène et propose un croisement audacieux entre le film d’épouvante et le film de cape et d’épée. D’où la création du personnage de Kronos, ancien capitaine de la garde impériale devenu chasseur de vampire, accompagné dans ses missions par un « professeur » bossu nommé Hieronymous Gross. Dépêché au village de Durward à la demande du docteur Marcus, il enquête sur le décès de plusieurs jeunes femmes dont les traits semblent avoir vieilli prématurément. Sur son chemin, il croise la magnifique Carla, mise au pilori pour avoir osé danser un dimanche (nous sommes en Europe Centrale à la fin du 19ème siècle, et visiblement on ne plaisante pas en ces années pieuses avec le Jour du Seigneur). Kronos la libère, et désormais Carla ne le quitte plus d’une semelle.

Si Horst Janson s’avère relativement fruste et monolithique dans le rôle du chasseur de vampires maniant l’épée en virtuose, on ne peut que se réjouir de trouver à ses côtés la sublime Caroline Munro, héroïne du Voyage fantastique de Sinbad et de Centre Terre : septième continent. Hélas, la belle s’acquitte ici d’un rôle de potiche souriante pour le moins exaspérant, mettant du même coup son charme ingénu au service d’un machisme caricatural. Soumise corps et âme à Kronos, Carla rit à chacun de ses exploits, se laisse même battre par lui, tandis que le puissant mâle passe son temps à déambuler torse nu ou vêtu de son bel habit de capitaine flambant neuf. Et que dire de ce « gag » récurrent au cours duquel elle s’endort sur ses genoux puis se vautre lamentablement par terre chaque fois qu’il se lève brutalement ? Ou de cette réplique finale, où elle lui déclame d’un regard langoureux « je t’appartiendrai » ?

La belle et le macho

On en vient à se demander si cette mascarade sadomasochiste n’est pas à prendre au second degré, comme en opposition aux femmes vampires dominantes que la Hammer commença à traiter quelques années plus tôt avec Vampire Lovers. Toujours est-il que le personnage de Carla pourrait aisément disparaître du scénario sans incidence sur le film. Le vampire décrit ici emploie un mode opératoire atypique (« il y a autant de vampires différents que d’oiseaux de proie » déclare à ce propos Gross). Encapuchonné, il séduit les jeunes filles par hypnose, leur octroie un baiser mortel et leur vole leur jeunesse. Deux mythes sont ainsi mixés en un seul : Dracula et la Comtesse Bathory. Le « whodunit » fonctionne plutôt bien, d’autant que la révélation finale du coupable est des plus surprenantes, le tout s’accompagnant d’une partition épique de Laurie Johnson. L’idée de ce Capitaine Kronos était manifestement de créer une franchise, mais cet étonnant chasseur de vampire maniant une épée forgée dans un crucifix en argent ne fut pourtant le héros que d’un seul film, générant au fil des ans un culte croissant.

 

© Gilles Penso

 

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