VERSUS, L’ULTIME GUERRIER (2000)

Pour son premier long-métrage, Ryuhei Kitamura ose le mélange des genres, à mi-chemin entre John Woo, Quentin Tarantino, Sam Raimi, Jackie Chan et Lucio Fulci !

VERSUS

 

2000 – JAPON

 

Réalisé par Ryuhei Kitamura

 

Avec Tak Sakaguchi, Hideo Sakaki, Chieko Misaka, Yuichiro Arai, Hoshimi Asai, Kenji Matsuda, Minoru Matsumoto, Kazuhito Ohba

 

THEMA ZOMBIES

« J’avais toujours entendu dire que les Japonais n’étaient pas capables de faire de films d’action susceptibles de rivaliser avec ceux de Hong-Kong et d’Hollywood. Cet à priori m’est apparu comme une sorte de défi, et m’a donné envie de me surpasser pour prouver le contraire. J’ai réalisé Versus dans cet esprit-là, pour étonner les gens. » (1) C’est en ces termes que Ryuhei Kitamura nous explique les motivations qui ont présidé à la naissance de son premier long-métrage, dont il tourna d’abord une version de 45 minutes en 1997. Deux prisonniers en cavale retrouvent un gang de yakuzas au beau milieu d’une forêt isolée. Les gangsters ont kidnappé une jeune fille, et lorsqu’ils la maltraitent, l’un des prisonniers s’interpose, provoquant une fusillade sanglante. Au beau milieu des balles sifflantes, le fugitif et la captive s’échappent et s’enfoncent dans les bois. Là, les cadavres de toutes les victimes des Yakuzas, enterrés en vrac au milieu des arbres, reviennent soudain à la vie sous forme de zombies. Car nous sommes dans la « forêt de la résurrection », l’une des 666 portes qui s’ouvrent vers l’enfer. Bientôt, deux flics cinglés aux méthodes expéditives et un guerrier immortel viennent compliquer la situation.

Mélange improbable de genres à priori incompatibles, Versus ressemble à un mariage contre-nature des univers de John Woo, Quentin Tarantino, Sam Raimi, Jackie Chan et Lucio Fulci. Des références que Kitamura réfute pourtant en partie. « J’aime bien Woo et Tarantino, ainsi qu’Evil Dead, mais je ne m’y suis pas référé en faisant Versus » affirme-t-il. « Je me sens plus proche des films de James Cameron, George Miller et Peter Weir. » (2) On pourrait rajouter Russel Mulcahy, dans la mesure où l’ombre d’Highlander plane à plusieurs reprises sur Versus. On y trouve la même quête d’immortalité (ici aussi, il ne peut en rester qu’un) et le même montage parallèle du méchant qui assemble son épée en faisant des moulinets. Au titre des références, Matrix pointe aussi le bout de son nez, le temps d’un clin d’œil parodique où l’un des policiers se met dans la même position que Keanu Reeves pour éviter les balles. Sauf que ça ne marche pas, et qu’il explose littéralement !

Gros plan depuis l’intérieur d’un crâne !

A vrai dire, le scénario de Versus n’a pas beaucoup d’importance, pas plus que les personnages eux-mêmes, desservis par des acteurs qui surjouent de manière souvent outrancière. Ici, tout converge vers l’action inédite et les pugilats étonnants. Certains morts-vivants apathiques semblent échappés de L’Enfer des zombies, d’autres voltigent en tous sens, voire se battent avec des armes à feu. Quant au gore, il éclabousse volontiers le métrage avec un excès qui confine au pastiche. Les têtes sont arrachées, le sang coule à flots, les tripes tombent des ventres ouverts, les cœurs sont extirpés et dévorés, les corps coupés en mille morceaux à coup d’épée, les ventres et les crânes perforés sous les impacts de balle. Et puis il y a le fin du fin : les yeux arrachés d’une tête à main nue, avec un gros plan subjectif depuis l’intérieur du crâne soudain évidé ! Assez bizarrement, ce défouloir non-stop s’achève sur un épilogue incompréhensible situé 99 ans dans le futur.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2005

 

© Gilles Penso

 

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