LOS ANGELES 2013 (1996)

John Carpenter réalise une suite tardive de New York 1997 encore plus subversive que son modèle, malgré ses nombreuses maladresses

ESCAPE FROM LOS ANGELES

1996 – USA

Réalisé par John Carpenter

Avec Kurt Russell, Stacy Keach, John Buscemi, Peter Fonda, Cliff Robertson, Pam Grier, Bruce Campbell, George Corraface

THEMA FUTUR I SAGA JOHN CARPENTER

Quinze ans après le mythique New York 1997, John Carpenter et Kurt Russell se sont réunis pour donner suite aux aventures du mercenaire Snake Plissken, lâché dans une nouvelle mégapole apocalyptique. Le tremblement de terre qui frappa Los Angeles en 1994 donna l’impulsion nécessaire au réalisateur, à son acteur fétiche et à la productrice Debra Hill pour se lancer dans cette suite, dont ils signèrent à trois le scénario. Comme Terminator 2 ou Desperado, ce Los Angeles 2013 est à vrai dire autant une séquelle qu’un remake du film original, dans la mesure où sa structure narrative, ses moments forts et son rythme sont directement calqués sur leur modèle. Cette fois-ci, Snake Plissken se voit obligé d’intervenir au sein de Los Angeles, devenue, après le séisme qui la ravagea et le raz de marée qui la submergea en 1998, une île et un lieu d’exil pour les marginaux, les rebelles, les anarchistes et les gangsters. La mission de Snake : se débarrasser du guérillero Cuervo Jones (George Corraface) et récupérer la fille du président des USA (A.J. Langer), ralliée à sa cause. S’il refuse, un virus inoculé dans son sang causera sa perte.

Une fois de plus, la faune humaine que croise Plissken est pour le moins excentrique. Le casting vaut donc son pesant de « gueules », souvent bizarrement employées d’ailleurs, notamment un Bruce Campbell méconnaissable sous des kilos de prothèses, ou Pam Grier transfigurée dans le rôle d’un transsexuel ! Isaac Hayes, le fameux Duke du film précédent, fait même de la figuration référentielle et non créditée lors de la séquence du match de basket. Le budget ayant littéralement été multiplié par sept par rapport à celui de New York 1997, atteignant cinquante millions de dollars, Carpenter a pu visualiser des choses qu’il s’était contenté de suggérer dans le premier film. « Dans New York 1997, nous avions utilisé des trucages simples », nous expliquait Carpenter à l’époque. « Mais pour la suite, il me fallait un gros budget. Les temps ont changé. Le spectateur veut du Terminator 2  » (1).

Une série B survitaminée mais sans surprise

Parmi les décors futuristes les plus marquants de cette séquelle, on note une reconstitution de Sunset Boulevard et un cimetière de voiture où s’entassent quelque deux cents carcasses. Mais ce déploiement de moyens n’empêche pas Los Angeles 2013 de ressembler à une série B survitaminée. Malheureusement, la nouveauté et l’inventivité qui avaient frappé de plein fouet le public quinze ans plus tôt se sont évaporées ici. Tout y est attendu sans que la surprise ne pointe vraiment le bout de son nez. Comme en outre certains effets spéciaux à vocation spectaculaire font sombrer par leur maladresse plusieurs séquences dans le ridicule, notamment la course en surf sur le raz-de-marée avec « Pipeline » (Peter Fonda) ou la bataille finale en deltaplane menée par le gang de Hershe Las Palmas (Pam Grier), Los Angeles 2013 déçoit beaucoup. Seule amélioration notable par rapport à l’original, et pas des moindres : le scénario a pris ici un caractère encore plus subversif, Carpenter ayant depuis le film original accumulé un bon paquet d’amertume et de cynisme.

 

(1) propos recueillis par votre serviteur en février 1995
 

© Gilles Penso

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