DREDD (2012)

Très éloignée de la version avec Sylvester Stallone, cette adaptation sans concession se rapproche de l'esprit du comic book original

DREDD

2012 – USA

Réalisé par Pete Travis

Avec Karl Urban, Olivia Thirlby, Lena Headey, Wood Harris, Domhnall Gleeson, Langley Kirkwood, Deobia Oparei

THEMA FUTUR

L’anti-héros casqué imaginé en 1977 par John Wagner et Carlos Ezquerra n’a pas été gâté par ses premiers pas sur grand écran. L’adaptation signée Danny Cannon était en effet un spectaculaire ratage, dans lequel Sylvester Stallone ôtait très vite son casque pour justifier son nom en haut de l’affiche. Cette hérésie – parmi bien d’autres – hérissa quelque peu le poil de l’auteur John Wagner. Aussi, lorsque le scénariste Alex Garland (28 Jours plus tard) le contacta pour une nouvelle adaptation du légendaire comic book, son enthousiasme demeura très mesuré. D’autant que cette fois-ci, Judge Dredd ne bénéficie plus du traitement de faveur d’un gros studio mais atterrit entre les mains d’une petite structure de production. Or c’est justement ce qui explique en grande partie la prodigieuse réussite de cette seconde chance. Avec un budget raisonnable, un réalisateur solide (à qui nous devons entre autres Angles d’attaque), un scénariste passionné et une petite équipe chevronnée, Dredd peut se permettre de frapper fort sans se soucier de plaire à tous, assumant pleinement le caractère ultra-violent de l’univers créé par Wagner et Ezquerra, et se concentrant sur une unité de lieu et de temps à l’efficacité implacable.

Dredd nous décrit une mégalopole décrépie, hérissée d’immenses tours de béton abritant une faune désemparée, noyée dans un nuage ocre de pollution stagnante et sillonnée par les « Judges ». Ces nouveaux gardiens de la paix, à la fois policiers, juges et bourreaux, sont conçus pour accélérer considérablement les procédures judiciaires et pénales. Après constatation sommaire des faits et des méfaits, la sentence tombe très vite. Le choix est généralement restreint : la prison ou la mort. Dredd est l’un de ces soldats zélés et durs à cuire. Lorsqu’on lui met entre les pattes une jeune recrue télépathe pour l’évaluer, il ne montre aucune émotion mais ne semble guère aux anges. D’autant que tous deux atterrissent dans un redoutable guet-apens. Enfermés dans une tour titanesque contrôlée par la baronne de la drogue Ma-Ma, livrés à eux-mêmes, ils entrent dans la ligne de mire d’une horde de gangsters armés jusqu’aux dents qui ont reçu l’ordre de les réduire en charpie.

L'étau se resserre inexorablement

Dredd évoque beaucoup les films d’action bruts des années 80. La situation rappelle Piège de cristal et les débordements de violence nous ramènent à l’époque des films d’anticipation de Paul Verhoeven, mais ici aucun second degré secourable ne permet au spectateur de reprendre son souffle. L’étau scénaristique se resserre inexorablement, porté par des séquences de suspense haletantes et des fusillades aux proportions alarmantes. La radicalité de ces partis pris trouve un écho dans la mise en forme impeccable du long-métrage. A ce titre, il faut souligner la perfection des effets visuels et la beauté troublante des séquences surréalistes décrivant les effets de la drogue slo-mo, qui ralentit mille fois les perceptions humaines. La 3D est à l’avenant, le réalisateur se réappropriant le gimmick pour s’en servir de véhicule d’immersion totale. Limité hélas à une distribution en DVD en nos contrées, ce Dredd nouvelle génération aurait largement mérité une exploitation sur grand écran.

 

© Gilles Penso

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