Une séquelle audacieuse et spectaculaire à laquelle il manque cependant un élément crucial : la spontanéité
CHARLIE’S ANGELS FULL THROTTLE
2003 – USA
Réalisé par McG
Avec Drew Barrymore, Cameron Diaz, Lucy Liu, Demi Moore, Matt le Blanc, Bruce Willis, John Cleese, Carrie Fisher, Jaclyn Smith
De prime abord, tout ce qui fit le succès du premier Charlie’s Angels est de retour dans cette séquelle au budget surdimensionné (120 millions de dollars, soit 25 millions de plus que le film précédent) : des combats acrobatiques d’influence asiatique, des déguisements tour à tour grotesques ou sexy, une intrigue d’espionnage sommaire qui n’est ouvertement qu’un prétexte, des cascades exagérément spectaculaires, un humour parodique omniprésent… À vrai dire, il ne manque qu’un seul ingrédient, mais de taille : la spontanéité. Car le film précédent était presque un miracle, un postulat et des choix artistiques qui avaient tout de la grosse baudruche hollywoodienne sans âme et qui pourtant transportèrent les spectateurs de joie. L’alchimie prend moins bien ici, car il est clair que l’équipe s’est attachée à reproduire au mieux la recette du Charlie’s Angels original sans parvenir à en retrouver l’esprit et la légèreté. Résultat des courses : même si cette deuxième aventure se laisse regarder sans le moindre déplaisir, l’effet de surprise s’est évaporé, et l’on sent bien que le cœur n’y est plus vraiment.
Le choix du nouveau Bosley est tout à fait à l’image de la frontière qui sépare les deux films. Après un Bill Murray pince sans rire et tout en retenue, nous avons droit à un Bernie Mac surexcité chez qui la demi-mesure semble avoir été à tout jamais évacuée. Les allusions à James Bond et à Mission impossible foisonnent à nouveau, ce second Charlie’s Angels s’avérant encore plus porté que son prédécesseur sur le clin d’œil référentiel. D’où des séquences entières reprises aux Aventuriers de l’arche perdue (le concours de celui qui boira le plus dans le bouge en Mongolie), aux Blues Brothers (la rencontre avec la bonne sœur autoritaire) et aux Nerfs à vif (le méchant tatoué qui se muscle dans sa cellule, musique de Bernard Herrmann à l’appui). Sans compter les clins d’œil à Grease, Flashdance, La Mélodie du bonheur, Chantons sous la pluie, et même aux séries Starsky et Hutch, L’Île fantastique et Les Experts.
L’ange déchu
Ce jeu des influences passe aussi par un nombre impressionnant de guest-stars de luxe. En tête, on trouve un Bruce Willis considérablement vieilli, une Jaclyn Smith à la beauté intacte, un John Cleese toujours savoureux et une Carrie Fisher quasi-méconnaissable. L’intrigue est liée à deux anneaux qui, une fois rassemblés, révèlent la liste cryptée de ceux qui ont contribué à faire arrêter les plus grands criminels. Or quelqu’un a dérobé ces deux anneaux et cherche à les vendre aux gangsters les plus offrants. Nos trois drôles de dames ont donc pour mission de remettre la main dessus. Elles devront faire face à la redoutable Madison Lee (Demi Moore), un « ange déchu », autrement dit une ancienne employée de leur agence passée du côté des méchants. Tout est donc en place pour les bastons et les courses-poursuites outrancières aux relents de déjà-vu. Seule l’ahurissante poursuite en moto-cross relève de l’inédit et parvient réellement à couper le souffle, par l’audace de ses cascades et le dynamisme de sa mise en scène. Rien que pour elle, Charlie’s Angels deuxième du nom mérite tout de même un petit détour.
© Gilles Penso
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