ENFER MÉCANIQUE (1977)

Au beau milieu du désert de l’ouest des États-Unis, une mystérieuse voiture noire sans conducteur assassine tous ceux qui croisent sa route…

THE CAR

 

1977 – USA

 

Réalisé par Elliot Silverstein

 

Avec James Brolin, Kathleen Lloyd, John Marley, R.G. Armstrong, Ronny Cox, Henry O’Brien, Elizabeth Thompson, Roy Jenson, Kim Richards

 

THEMA OBJETS VIVANTS I DIABLE ET DÉMONS

Si l’influence principale de cet Enfer mécanique semble logiquement être Duel, c’est un autre film de Steven Spielberg qui vient à l’esprit au cours de son prologue choc. On y voit en effet une voiture noire sans chauffeur qui tue un couple de cyclistes en les faisant basculer dans le vide sur une route de montagne à pic, la caméra adoptant la vue subjective du véhicule (avec une image filtrée en rouge) tandis que la bande originale de Leonard Rosenman se laisse inspirer par le thème principal des Dents de la mer. La référence ne s’arrête pas là, dans la mesure où ce véhicule meurtrier est d’emblée traité comme un animal sauvage et pernicieux, se réfugiant dans les rocailles poussiéreuses du désert de l’Utah après chacun de ses forfaits. Suite à plusieurs autres victimes (un auto-stoppeur, le vieux chef de la police), les autorités de la bourgade locale se mettent en ordre de bataille pour contrer la menace. L’intrigue prend donc dans un premier temps les allures d’une enquête policière autour d’un chauffard sévissant dans la région. Mais bientôt, les témoignages répétés attestent qu’il n’y a pas de chauffeur dans cette grande voiture noire. Wade Patente (James Brolin), le sympathique shérif à moto qui fait régner la justice dans le coin, se met donc en chasse…

Très iconique, cette voiture diabolique (une Lincoln Continental de 1971 customisée par George Barris, l’homme qui créa la Batmobile de la série Batman) s’avère particulièrement photogénique. Insensible aux balles, dépourvue de poignées, incroyablement puissante, elle semble indestructible. Filmé souvent au grand-angle, ce qui déforme volontairement la ligne de son design effilé et renforce son caractère menaçant, le monstre mécanique soulève d’impressionnants nuages de poussière sur son passage, toujours précédé par un vent sinistre et par un coup de klaxon effrayant. Avec un tel « serial killer » à placer devant sa caméra, le vétéran Elliot Silverstein (une tonne de séries télévisées au compteur plus quelques longs-métrages comme Les Détraqués ou Un Homme nommé Cheval) enchaîne avec talent les séquences de suspense et d’action en cherchant toujours l’effet de surprise et la nouveauté.

L’ancêtre de Christine ?

Les moments forts abondent donc tout au long du métrage, de la scène de panique pendant la répétition d’une fanfare à la grande poursuite avec les voitures de police en passant par l’agression de Lauren (Kathleen Lloyd) chez elle ou encore celle de ce pauvre agent qui est précipité du haut d’une falaise avec son véhicule, la voiture maléfique effectuant des tonneaux pour échapper à ses poursuivants. Parfois, le réalisateur donne un coup d’avance aux spectateurs, qui anticipent ainsi le danger avant les protagonistes (le bolide apparaît à la fenêtre de Lauren qui est au téléphone). D’autres fois, la surprise est partagée, comme lorsque Wade découvre que la voiture tueuse l’attend dans son garage. Le scénario ne se fendra jamais d’une explication justifiant la présence de cette Lincoln maléfique, même si plusieurs indices permettent d’opter pour une origine satanique. Elle est en effet incapable de pénétrer dans un cimetière, où la terre est consacrée. Quant au climax, qui scelle son destin au cours d’une gigantesque explosion de dynamite, il laisse surgir de la carcasse fumante des flammes infernales tandis que retentit un hurlement de bête. De fait, le titre français prend plus de sens que le très trivial The Car (« la voiture ») du titre original. Très efficace, mis en scène avec beaucoup de minutie, Enfer mécanique influencera directement l’un des segments du film à sketches En plein cauchemar et laissera sans doute son empreinte chez Stephen King lorsqu’il s’attellera à l’écriture de « Christine ».

 

© Gilles Penso

 

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