LE PEUPLE DES TÉNÈBRES (2003)

Un groupe de jeunes gens est hanté par des créatures terrifiantes qui se cachent dans les recoins sombres…

THEY

 

2003 – USA

 

Réalisé par Robert Harmon

 

Avec Laura Regan, Marc Blucas, Ethan Embry, Dagmara Dominczyk, Jon Abrahams, Alexander Gould

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS

En 1986, Robert Harmon nous avait asséné un violent Hitcher resté dans toutes les mémoires, et depuis nous l’avions un peu perdu de vue. C’est donc avec joie que nous le retrouvions 17 ans plus tard à la tête d’un film d’horreur. Et si ce Peuple des ténèbres, reconnaissons-le, n’arrive guère à la cheville de son éprouvant road-movie sanglant, il vaut toujours mieux que les Cavale sans issue (avec Jean-Claude Van Damme) et autres Eyes of an Angel (avec John Travolta) dans lesquels Harmon se fourvoya dans les années 90. Le Peuple des ténèbres s’efforce de retranscrire à l’écran les terreurs nocturnes que tout enfant a connu lorsqu’il était plongé dans l’obscurité de sa chambre. Y’a-t-il un monstre sous le lit ou dans le placard, prêt à surgir à tout moment ? Oui, répond sans hésiter une scène pré-générique plutôt bien troussée dans laquelle le petit Billy est agressé dans son lit par une créature cachée dans les ténèbres. Le petit garçon devient adulte et développe d’inquiétantes névroses, noircissant les pages d’un carnet intime, se référant à Edgar Poe, et se méfiant terriblement du noir… Jusqu’à ce que dans un accès de panique incontrôlable, il ne se suicide en plein restaurant sous les yeux de son ancienne camarade de classe Julia. Horrifiée, celle-ci retrouve d’autres amis de Billy et se découvre des points communs avec eux : tous sont confrontés avec les peurs nocturnes de leur enfance, et croient apercevoir des monstres menaçants dans les recoins sombres de leurs appartements…

Voilà un scénario au potentiel des plus prometteurs, au sein duquel émergent plusieurs réminiscences de l’univers de Stephen King (« Ça » en tête). L’efficacité du film est hélas entravée par une intrigue excessivement linéaire et des personnages franchement schématiques. Les comédiens font pourtant ce qu’ils peuvent pour nous impliquer, notamment Laura Regan qui s’ébat avec pas mal de conviction dans le rôle de Julia. La vraie bonne surprise du film, ce sont les monstres eux-mêmes, des démons vivant dans une dimension parallèle qui entraînent leurs victimes au fin fond de leur monde sinistre et ne craignent rien d’autre que la lumière. Conçues par Patrick Tatopoulos, ces affreuses bestioles en 3D ne sont jamais aperçues autrement que dans la pénombre, de manière furtive, ce qui permet à l’imagination du spectateur de s’emballer et décuple l’impact des scènes où elles apparaissent.

Les monstres du placard

La plus réussie de ces séquences est probablement celle où Julia s’égare dans les couloirs du métro la nuit venue. Quant à savoir si ces monstres sont le fruit de l’imagination d’une poignée de jeunes gens impressionnables ou s’ils existent réellement, le dénouement y répond ouvertement, à l’occasion d’une chute à l’indiscutable efficacité. Pour l’anecdote, le nom de Wes Craven apparaît en grosses lettres sur le matériel promotionnel du Peuple des ténèbres (dont le titre original complet est rien moins que Wes Craven Presents : They) mais le créateur de Freddy Krueger n’a pas grand-chose à voir avec le film, si ce n’est un poste de producteur exécutif principalement honorifique. Le scénariste Brendan Hood, de son côté, vécut assez mal cette expérience, son script ayant été remanié par une bonne dizaine de personnes pour aboutir au résultat que nous connaissons. Reste à savoir à quoi ressemblait son premier jet avant ces réécritures intempestives.

 

© Gilles Penso

 

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