SUPERSONIC MAN (1979)

Un film de super-héros calamiteux aux effets spéciaux navrants, réalisé pourtant par un amoureux invétéré du Fantastique

SUPERSONIC MAN

1979 – ESPAGNE

Réalisé par Juan Piquer Simon

Avec Antonio Cantafora, Cameron Mitchell, Richard Yesteran, Diana Polakov, José Maria Caffarel, Frank Braña 

THEMA SUPER-HEROS I SPACE OPERA I EXTRA-TERRESTRES I ROBOTS

Juan Piquer Simon était un sympathique artisan ibérique spécialisé dans la réadaptation à petit budget des grands succès américains. Une sorte de Roger Corman madrilène, en quelque sorte. Réalisateur, scénariste, producteur et créateur d’effets spéciaux, il s’adaptait à toutes les modes, avec une forte prédilection pour le genre fantastique. Lorsque le King Kong de Dino de Laurentiis remettait au goût du jour l’exotisme préhistorique et les gorilles géants, il signait Le Continent fantastique. A l’époque où les slashers inondaient les écrans, il commettait Le Sadique à la tronçonneuse. Quand Abyss attirait tous les regards vers l’océan, il se lançait dans L’Abîme. Or la fin des années 70 était marquée par le double succès de La Guerre des étoiles et Superman. Peu farouche, Piquer Simon osait donc un film de super-héros mâtiné de space-opera : le bien nommé Supersonic Man.

Les premières images donnent le ton. Sur fond d’espace, un immense vaisseau spatial entre dans le champ, à la manière d’un destroyer de l’Empire Galactique. La maquette est plutôt jolie et laisse planer quelques espoirs, lesquels s’envolent dès les secondes suivantes. Car dans le vaisseau git un homme trapu tout juste vêtu d’un slip et d’une cagoule bleue à paillettes. Serait-ce un catcheur mexicain échoué dans le cosmos ? Que nenni ! Il s’agit de Kronos, l’homme supersonique, surgi de sa lointaine galaxie pour courir à l’appel des gens de sa planète. Sa mission consiste à aider la Terre contre les dangers qui la menacent. Aussitôt, son costume improbable se complète (un collant rouge vif, une cape et une paire de bottes) et le voilà qui s’élance dans l’immensité stellaire. Et là, petits et grands, jeunes et vieux, tous les spectateurs communient dans la même hilarité. Comment retenir ses zygomatiques face à cette silhouette tremblotante au sourire crispé et à la cape agitée par un ventilateur hors-champ, affreusement incrustée devant un vague panorama censé représenter l’espace ?

Le robot cracheur de feu du maléfique Gulk

Sur Terre, l’athlétique Supersonic (incarné par le bodybuilder Richard Yesteran) se fait passer pour un humain prénommé Paul (et c’est alors Antonio Cantafora qui l’interprète). Jonglant entre ces deux identités, il affronte le vilain docteur Gulk (Cameron Mitchell), qui utilise un immense robot cracheur de feu afin d’enlever la fille d’un scientifique et piller une usine, prélude à ses plans machiavéliques de domination du monde. Parmi ses mémorables exploits, l’homme supersonique sauve une jeune automobiliste en soulevant à bout de bras un rouleau compresseur (autrement dit un accessoire en contreplaqué délicieusement grotesque) et transforme les pistolets de ses agresseurs en bananes. Aussitôt, les méchants déjoués s’enfuient en montant chacun sur le dos de l’autre. Entre ses accès d’humour éléphantesque, ses effets spéciaux aberrants, son super-vilain généreux en éclats de rire grimaçants et son scénario joyeusement infantile, Supersonic Man place la barre assez haut et s’érige sans mal comme l’un des pires produits d’un Juan Piquer pourtant prolixe en vingt années d’activité intense.

© Gilles Penso

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