À la suite d’un tremblement de terre, des insectes capables de provoquer des incendies se libèrent et menacent la race humaine…
BUG
1975 – USA
Réalisé par Jeannot Szwarc
Avec Bradford Dillman, Patty McCormack, Joanna Miles, Richard Gilliland, Alan Fudge, Jamie Smith-Jackson, Jesse Vint
THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS
Réalisateur de moult épisodes de séries télévisées américaines depuis le début des années 60 (Kojak, L’Homme de fer, Night Galleries), Jeannot Szwarc s’est vu confier par William Castle, producteur de Rosemary’s Baby, cette adaptation du roman « The Hephaestus Plague » que Thomas Page publia en 1973. Conformément au titre apocalyptique du livre, le prologue des Insectes de feu prend des allures de châtiment biblique, un violent tremblement de terre détruisant l’église d’une petite ville de l’Ouest des États-Unis au beau milieu du sermon du curé. Le séisme libère aussitôt des insectes rampants d’une dizaine de centimètres de long qui ont la capacité, en frottant leurs membres, de provoquer des incendies. A l’horreur que suscite cette soudaine invasion se conjugue une certaine dévalorisation de l’espèce humaine, qui croyait jusqu’alors avoir l’apanage de la création du feu. Engoncés dans de solides carapaces blindées, ces briquets ambulants se nourrissent de carbone, voyagent par les pots d’échappement et multiplient les brasiers en ville.
Plusieurs scènes mettant en vedette les insectes incendiaires provoquent des effets répulsifs d’une grande efficacité, accrus par une musique synthétique et des effets sonores stressants. Si la séquence du chat attaqué par les créatures invertébrées est déjà éprouvante, que dire de celle où l’une des bêtes, grimpant sur un combiné téléphonique, brûle l’oreille d’une jeune femme ! Un autre moment de suspense intense montre les insectes ramper sur le dos d’une femme et se loger dans ses cheveux… jusqu’à ce que la malheureuse ne se retrouve consumée de la tête aux pieds. Le professeur James Parmiter (Bradford Dillman, futur héros du Piranhas de Joe Dante) se penche sérieusement sur leur cas et découvre que ces monstres, issus des entrailles de la Terre, sont sans doute vieux d’une cinquantaine de millions d’années. Avant qu’on ait pu trouver un moyen efficace de s’en débarrasser, ils dépérissent d’eux-mêmes au contact de l’atmosphère. Il reste tout de même une poignée de survivants, que le scientifique conserve précieusement, rêvant secrètement de les croiser avec un cafard mâle traditionnel dans des conditions de pressurisation favorables.
Mille et une pattes
On pourrait légitimement se demander où réside l’intérêt d’une telle expérience, mais depuis la mort de sa femme, victime des insectes de feu, Parmiter a développé une véritable obsession. Reclus en ermite, il vit avec ses cobayes une étrange relation d’amour/haine. Dès qu’il obtient l’espèce hybride escomptée, il la baptise « Parmitera Hephaestus », en hommage au dieu grec du feu Héphaïstos. Évidemment, les choses finissent par mal tourner pour l’apprenti-sorcier. Mues par une pensée collective, les blattes mutantes se libèrent, grimpent sur le torse du savant pendant son sommeil (frissons assurés !) et finissent par communiquer avec lui en écrivant sur les murs avec leurs corps. C’est assurément l’un des moments les plus emblématiques et les plus mémorables d’un long-métrage peu avare en scènes choc. Comment oublier cette phrase « We Live » (« Nous vivons ») que dessinent les abdomens grouillants des sinistres arthropodes ? Cinq semaines de tournage avec les comédiens humains et quatre mois avec leurs homologues à six pattes auront été nécessaires à Jeannot Szwarc pour boucler cette fable d’épouvante à la mise en scène brute et quasi-clinique, typique des films d’horreur des années 70. Les Insectes de feu remportera le Grand Prix du Festival du Film Fantastique de Paris en 1975.
© Gilles Penso
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