Le spécialiste des films de monstres Bert I. Gordon adapte H.G. Wells et lâche sur ses héros des hordes d'animaux géants
THE FOOD OF THE GODS
1975 – USA
Réalisé par Bert I. Gordon
Avec Pamela Franklin, Marjoe Gortner, Ralph Meeker, Jon Cypher, Ida Lupino, John McLiam, Belinda Balaski, Tom Stovall
THEMA MAMMIFÈRES I REPTILES ET VOLATILES I INSECTES ET INVERTÉBRÉS
Vingt ans après ses débuts, Bert I. Gordon continue inlassablement à mettre en scène des animaux géants. Les dinosaures, les cyclopes, les colosses, les dragons, les araignées géantes et les sauterelles titanesques cèdent ainsi le pas à toute une nouvelle ménagerie qui s’inspire très librement du roman « The Food of the Gods » (« La Nourriture des Dieux ») qu’H.G. Wells écrivit en 1904. Curieusement, Bert I. Gordon s’était déjà laissé inspirer par ce récit qui servit de base en 1965 à Village of the Giants. Soudain… les monstres ! prend place sur une île isolée au large des côtes canadiennes, filmée en extérieurs réels à Bowen Island. Le footballer Morgan (Marjoe Gortner, futur héros de Star Crash) et ses amis Davis (Chuck Courtney) et Brian (John Cypher) y chassent le cerf dans les bois. Soudain, Morgan entend un hurlement et retrouve le cadavre de Davis, dont le visage est complètement boursouflé, tandis qu’au loin s’éloigne un essaim monstrueux.
Les premières créatures du film sont donc des guêpes grosses comme des pigeons, en réalité des marionnettes figées qui sont incrustées très maladroitement dans les prises de vues réelles (un travers habituel des trucages de Gordon, tributaire de budgets souvent minuscules). Suivent un coq géant, c’est-à-dire une figurine immobile de deux mètres de haut qu’un montage nerveux tente de crédibiliser, et des vers énormes, repoussants et dégoulinants à souhait, qui se nourrissent volontiers de chair humaine dès qu’ils le peuvent. Ces mutations monstrueuses trouvent leur origine dans une substance mystérieuse qui s’écoule au pied d’un rocher. Les époux Skinner (Ida Lupino et John McLiam), qui l’ont découverte par hasard, s’en servent pour nourrir leurs poulets. Mais les rats y ont également trempé leur museau glouton. Les rongeurs géants ne tardent donc pas à ensanglanter les parages. En désespoir de cause, un petit groupe de survivants trouve refuge dans une vieille ferme.
La nuit des rats géants
Les monstres vedettes du film sont donc des rats velus et démesurés, obtenus tour à tour à l’aide de rats réels filmés dans de belles maquettes fabriquées par Erik Von Buelow, ou de répliques géantes très réussies conçues par Tom Burman et un tout jeune Rick Baker. Les doubles expositions qui mettent les monstres en relation avec les comédiens sont parfois efficaces (la caravane assaillie, la maison inondée) mais s’avèrent souvent calamiteuses. La plupart du temps, la ligne de cache est en effet bien visible et une partie des rats est transparente. En vingt ans de bons et loyaux services, Gordon n’a donc guère fait évoluer ses techniques depuis les sauterelles géantes de Beginning of the End. L’assaut final autour de la ferme, générant des tensions inévitables entre protagonistes, évoque beaucoup La Nuit des morts-vivants mais aussi Les Oiseaux, notamment lorsque Lorna Scott (Pamela Franklin) tremble de tous ses membres en entendant le bruit stressant des animaux qui s’abattent sur le toit. Quant à l’ironique chute finale, elle donne presque au film les allures d’une « prequel » de Village of the Giants. Une séquelle officielle sera réalisée par Damian Lee en 1989 sous le titre Gnaw : Food of the Gods 2.
© Gilles Penso
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