Gravement brûlé suite à une blague stupide, un gardien de camp de vacances sort de l’hôpital et décide de se venger…
THE BURNING
1981 – USA / HONG-KONG / CANADA
Réalisé par Tony Maylam
Avec Brian Matthews, Leah Ayres, Brian Backer, Larry Joshua, Jason Alexander, Ned Eisenberg, Holly Hunter
THEMA TUEURS
Quand on a Vendredi 13 comme principale source d’inspiration, il ne faut évidemment pas s’attendre à des merveilles. Certes, les instigateurs de Carnage ont visiblement élaboré le premier jet de leur scénario avant le slasher à succès de Sean S. Cunningam, s’inspirant initialement d’une légende urbaine tenace, mais le récit a entretemps été reformaté pour mieux se calquer sur le massacre de Crystal Lake. Partant, ce psycho-killer mâtiné de survival ne s’en sort pas si mal, s’ouvrant sur une séquence pré-générique assez nerveuse et fort prometteuse. Cinq jeunes campeurs, à cause d’une farce qui tourne mal, brûlent accidentellement Crospy, un gardien de camp de vacances qu’ils ont pris en grippe. Cinq ans plus tard, gravement brûlé et complètement défiguré, Crospy sort de l’hôpital, cherchant tous les moyens d’assouvir son désir de vengeance. Il commence ses meurtres par l’assassinat d’une prostituée, puis sème la terreur dans un camp de vacances, armé d’un redoutable sécateur. Le carnage promis par le titre français tarde à se manifester, le film se concentrant d’abord sur une petite galerie de personnages vivant quelques petits conflits sentimentaux et autres tracasseries triviales dans le cadre fort propice d’un camp de vacances en pleine forêt.
Lorsque le groupe se resserre et part pour une randonnée en canoë, la seconde source d’inspiration du film apparaît : il s’agit de Délivrance, ce qu’atteste la musique country accompagnant lesdits canoës. Le reste du temps, la bande originale, signée Rick Wakeman (du groupe Yes), est un imbroglio de sons synthétiques assez inaudibles. Après une série de fausses alertes et le meurtre nocturne d’une fille, dans une lumière tellement sous-exposée que le spectateur ne voit pratiquement rien, survient la scène la plus spectaculaire du film : l’attaque du tueur, caché dans un canoë, qui massacre au sécateur une poignée de teenagers voguant sur un radeau de fortune… Tom Savini s’en donne à cœur joie dans les effets gore – hélas coupés pour la plupart au montage pour sortir le film du ghetto de la classification X – et dote son assassin d’un visage défiguré impressionnant mais peu crédible, qui évoque évidemment celui de Jason Voorhees et n’apparaît qu’au cours du climax. Savini regrettera plus tard de n’avoir pas eu assez de temps pour élaborer un maquillage plus raffiné, la production ne lui ayant alloué que trois jours.
Holly Hunter face au tueur
Tourné avec un budget raisonnable d’un million et demi de dollars, Carnage est solidement réalisé et permettra à l’œil attentif de repérer quelques visages parmi le casting amenés à entrer plus tard dans la cour des grands, notamment Jason Alexander (future star de la série Seinfeld), Leah Ayres (partenaire de Jean-Claude Van Damme dans Bloodsport) et surtout Holly Hunter (oscarisée dix ans plus tard pour le très respectable La Leçon de piano, et rétrospectivement très heureuse de cette première expérience cinématographique). On note aussi que le montage de Carnage est signé Jack Sholder, futur réalisateur de Alone in the Dark, La Revanche de Freddy et Hidden. Quant au scénario, il est signé Harvey et Bob Weinstein, le film étant produit par une compagnie Miramax alors à ses tout débuts. Les slashers poussant comme des champignons en 1981, et Le Tueur du vendredi étant sorti accompagné d’une promotion assez importante, Carnage eut du mal à sortir du lot et n’engrangea pas les bénéfices escomptés par la production, ce qui annula logiquement la séquelle qui était pourtant prévue au départ. Au Japon, en revanche, ce fut un petit triomphe. Mais il ne gagna ses galons de petit classique du genre que plus tard, grâce à son exploitation remarquée en VHS.
© Gilles Penso
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