Daryl Hannah se transforme en géante vengeresse dans ce remake d’un nanar culte des années cinquante
ATTACK OF THE 50-FOOT WOMAN
1993 – USA
Réalisé par Christopher Guest
Avec Daryl Hannah, Daniel Baldwin, William Windom, Frances Fisher, Cristi Conaway, Paul Benedict, O’Neal Compton
THEMA NAINS ET GÉANTS I EXTRA-TERRESTRES
Lorsqu’on s’attaque à un remake, on a à priori tendance à remettre au goût du jour un film à forte popularité, ne serait-ce que pour bénéficier de l’intérêt du sujet et de la notoriété de l’œuvre originale. Dans cette optique, on ne peut que s’étonner du choix d’Attack of the 50-Foot Woman, un sommet de ringardise signé Nathan Juran qui se classe allégrement parmi les pires films de science-fiction de tous les temps. La sculpturale Daryl Hannah, qui reprend le rôle de l’infortunée Nancy Archer muée en géante par un extraterrestre, nous expliquait à l’époque les raisons de ce choix étrange : « Si vous vous permettez de refaire un film qui a connu une belle carrière, vous risquez un échec, à cause de la comparaison. Mais si vous vous attaquez à un film qui, à la base, n’avait rien d’un chef d’œuvre, vous avez une plus grande liberté de manœuvre et toutes les chances d’obtenir un résultat intéressant. » (1) Tout laissait alors imaginer qu’un tel choix serait prétexte à une parodie ouvertement assumée. Or le ton choisi par Christopher Guest est tout autre.
Car si cette version 1993 se veut comique, son humour ne transparaît vraiment qu’au second degré, à travers le ridicule des situations et par le biais d’une série de clins d’œil plus ou moins apparents. On notera en particulier le camion de traiteurs « Arkoff & Corman » (le nom des deux producteurs du film), le drive-in sur l’écran duquel est projeté le film original ou encore l’uniforme très Star Trek des personnages à la fin du film. Au même titre, la soucoupe volante qui apparaît dans le ciel, dont la carrosserie est bardée de gros rivets, est la jumelle du vaisseau spatial de Planète interdite. Même les rétroprojections employées pour les scènes de voitures et les décors en studio évoquent irrésistiblement les années cinquante. Paradoxalement, les plans à effets spéciaux qui visualisent le gigantisme de l’héroïne bénéficient d’un maximum de soins, le résultat oscillant entre le très convaincant (grâce aux effets de perspectives forcées) et l’approximatif (à cause de la qualité toute relative des incrustations sur fond bleu). De leur côté, les décors miniatures réalisés à différentes échelles sont d’incontestables réussites supervisées par le vétéran Gene Warren Jr, responsable entre autres de la bataille futuriste qui ouvrait Terminator 2.
Délire à grande échelle
« Notre intention était de rendre hommage aux films des années cinquante un peu simplistes, tout en utilisant les aspects les plus modernes de la technologie d’aujourd’hui », nous confirmait à ce titre la productrice Debra Hill (2). C’est ce décalage permanent qui a probablement déconcerté la plupart des spectateurs de ce long-métrage directement destiné aux petits écrans américains. Comment concilier les thèmes sérieux sous-jacents du scénario (l’émancipation de la femme, la réaction face à l’infidélité) avec le burlesque de certains dialogues et surtout avec ce dénouement gag complètement dément ? Le problème des scénaristes est visiblement de ne pas avoir su ouvertement opter pour un ton. Au premier degré, L’Attaque de la femme de 50 pieds a donc toutes les chances d’être considéré comme un nanar guère plus enthousiasmant que la version de 1958. Mais si on le perçoit comme un hommage amusé à l’âge d’or des drive-in, on peut y trouver une franche source de réjouissances.
© Gilles Penso
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