LE FILS DE DRACULA (1943)

Lon Chaney Jr. prend la relève de Bela Lugosi pour incarner le rejeton du plus célèbre des vampires

SON OF DRACULA

 

1943 – USA

 

Réalisé par Robert Siodmak

 

Avec Lon Chaney Jr, Louise Allbritton, Robert Paige, Evelyn Ankers, Frank Craven, Samuel Hinds, J. Edward Bromberg

 

THEMA DRACULA I VAMPIRES  I SAGA UNIVERSAL MONSTERS

Décidément, la saga Dracula semble être une affaire de famille. Après la fille (révélée en 1936 face à la caméra de Lambert Hillyer), le titre de cette séquelle tardive annonce l’entrée en scène du fils, ce qui laisse entendre que nous allons être mis en présence avec le frère du personnage incarné jadis par Gloria Holden. Mais à vrai dire, Le Fils de Dracula n’entretient aucune continuité avec La Fille de Dracula, et n’assure d’ailleurs qu’un lien ténu avec le Dracula de Tod Browning. Le colonel Coldwell et sa fille Kay préparent une réception en l’honneur du comte Alucard qui doit venir leur rendre visite. Mais ce dernier tarde et, entre-temps, le père de Kay est retrouvé mort, vidé de son sang. Quelques heures plus tôt, une vieille voyante hongroise périssait de manière singulière elle aussi, attaquée par une chauve-souris en pleine nuit. Les événements étranges semblent ainsi préparer l’arrivée imminente d’Alucard. Lorsqu’enfin le comte se présente, Kay est à la fois attirée et impressionnée par cet homme étrange qu’elle rencontra jadis à Budapest. Proprement envoûtée, elle tombe sous son charme et l’épouse aussitôt. Ce qui provoque évidemment la furie de son fiancé Frank. Dans un accès de jalousie, il tire sur Alucard, mais la balle traverse son corps apparemment immatériel et frappe Kay de plein fouet. Le malheureux prend alors la fuite, pris dès lors en chasse par une chauve-souris qui fond sur lui et lui suce le sang.

Car ce nouveau Dracula (Alucard à l’envers, pour ceux qui n’auraient pas encore fait le rapprochement !) est plus transformiste que jamais. Grâce aux habiles trucages optiques de John P. Fulton, à base de caches animés et de doubles expositions, notre vampire se métamorphose en volatile en plein vol, ou surgit hors de son tombeau sous forme de fumée pour retrouver peu après une forme humaine. Quant à la magnifique photographie achrome de George Robinson, elle flamboie notamment au cours d’une séquence nocturne dans les marécages où Dracula, séduisant Kay, glisse vers elle au-dessus de l’eau. En revanche, on avouera que Lon Chaney Jr, rondouillard et moustachu, n’est pas le Dracula idéal, et qu’il fait pâle figure face à Bela Lugosi (l’année suivante, il allait prendre la relève de Boris Karloff dans Le Spectre de Frankenstein).

Dracula mort et heureux de l’être

Le scénario lui-même souffre d’incohérences via son développement de la mythologie établie dans les deux films précédents. Ainsi entend-on de la bouche du professeur Lazlo, un savant hongrois faisant « autorité » en matière de légendes locales, que Dracula est mort au moyen âge, puis s’est transformé en vampire avant d’être exterminé au 19ème siècle. Or le comte transylvanien nous paraissait bien valide dans le Londres des années 30, sous les traits de Lugosi, d’autant qu’il ne fut détruit de manière « définitive » qu’en 1936 dans La Fille de Dracula. Lazlo et son confrère Brewster s’efforcent dès lors de combattre le redoutable comte Alucard, qui s’est empressé de transformer son épouse en vampire blafard. Mais cette dernière a échafaudé ses propres plans, et le film s’achève sur un climax à la fois mouvementé et poignant, prélude aux œuvres chorales réalisées dans la foulée par Erle C. Kenton.

 

© Gilles Penso

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