La conclusion d'une gigantesque saga qui se sera déployée pendant dix ans
AVENGERS ENDGAME
2019 – USA
Réalisé par Anthony et Joe Russo
Avec Robert Downey Jr, Chris Evans, Chris Hemsworth, Josh Brolin, Brie Larson, Scarlett Johansson, Mark Ruffalo
THEMA SUPER-HÉROS I VOYAGES DANS LE TEMPS I SAGA MARVEL I AVENGERS I CAPTAIN AMERICA I IRON MAN I THOR I SPIDER-MAN
Le cliffhanger d’Avengers : Infinity War était vertigineux et générait une attente forte attisée par les séquences finales de Ant-Man et la Guêpe et Captain Marvel. Comment ne pas décevoir les expectatives de tant de spectateurs tout en servant de point de conjonction à tous les longs-métrages de la franchise Marvel ? Le pari était difficile et les nombreuses scories de l’épisode choral précédent, peinant souvent à remplir son cahier des charges hypertrophié, laissaient imaginer les difficultés auxquelles firent face les frères Russo. La réussite de cette apothéose filmique, conçue comme le climax impensable de 21 longs-métrages consécutifs, n’en est que plus spectaculaire.
Le tout premier Avengers de Josh Whedon reposait sur le motif du déséquilibre, celui d’une équipe de super-héros aux personnalités fortes s’efforçant maladroitement d’effacer leurs différences pour tenter d’agir ensemble avec complémentarité, sans jamais y parvenir totalement. Cet ultime opus cherche à retrouver l’équilibre, en passant par un nombre d’étapes et de péripéties nécessaires justifiant la longueur du métrage (180 minutes). Au commencement est le chaos. La société humaine cherche à se reconstruire après la disparition de la moitié de son effectif. Au lieu de profiter de la place laissée vacante pour prospérer, les survivants pansent leurs blessures, pleurent leurs disparus et refusent d’oublier. Le mal est-il encore réparable ? Captain America veut y croire. L’arrivée d’une nouvelle héroïne surpuissante, Captain Marvel, et le retour d’Ant-Man après son odyssée dans l’univers quantique semblent pouvoir changer la donne. Mais comment convaincre les Avengers encore vivants de refaire équipe ? Et comment s’assurer que les théories de voyage temporel déduites de l’expérience de Scott Lang pourront permettre de faire machine arrière ? La mission semble impossible, mais est-il envisageable de ne pas la tenter ?
Un climax étourdissant
Tout résoudre en empruntant les chemins les plus tortueux : cet objectif est à la fois celui des héros du film et des réalisateurs, le phénomène de mise en abyme accroissant de fait l’implication du public. Bien sûr, la voie que choisissent les frères Russo est tout aussi hasardeuse que celle de leurs protagonistes de fiction. Avengers Endgame n’évite pas les raccourcis scénaristiques excessifs et jongle avec les notions de paradoxes temporels sans trop de rigueur. Mais comment ne pas s’enthousiasmer face à l’ambition étourdissante du long-métrage, face à sa gestion inattendue des ruptures de rythme, face à ses choix audacieux concernant certains personnages (tout le monde n’appréciera pas les traitements réservés à Thor et Hulk) et face à sa volonté manifeste de refermer toutes les portes ouvertes au fil des nombreux épisodes de la saga ? Mieux : l’un des défauts majeurs du film précédent, qui consistait à ne pas savoir gérer son trop-plein de personnages, s’est sensiblement estompé. Avengers Endgame est justement centré sur ses enjeux humains, malgré la dimension interplanétaire de son récit. Voilà pourquoi le rire et les larmes sont aux rendez-vous. On n’espérait plus pouvoir ressentir d’émotions aussi simples, aussi primaires, aussi indispensables face à une franchise qui menaçait de crouler sous son propre poids. La saga pourrait – devrait – logiquement s’arrêter là une bonne fois pour toutes. Les appétits financiers du studio Disney en ont bien sûr décidé autrement – pas question de tuer la poule aux œufs d’or – mais qu’importe : Avengers Endgame marquera à coup sûr la fin d’une ère, ce que semble confirmer sa volonté de renoncer au traditionnel clin d’œil post-générique.
© Gilles Penso
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