Au lieu de poursuivre la voie comique et potache assumée par l'épisode 2 de la saga, Brian Yuzna signe un opus sombre, grave et désespérément nihiliste
RETURN OF THE LIVING DEAD III
1993 – USA
Réalisé par Brian Yuzna
Avec Mindy Clarke, Kent Mac Cord, Basil Wallace, J. Trevor Edmond, James T. Callahan, Sarah Douglas
THEMA ZOMBIES I SAGA LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS
Le Retour des Morts-Vivants ayant abordé la thématique du zombie sous le jour de la comédie satirique, et sa séquelle versant carrément dans la franche rigolade, on présageait une nouvelle escalade potache à l’occasion de ce troisième opus. Or contre toute attente, Brian Yuzna a eu l’intelligence de remettre les compteurs à zéro en proposant une vision toute personnelle du sujet, une sorte de Roméo et Juliette au pays des morts-vivants qui existe à part entière, sans aucun besoin de se référer aux deux films précédents. Le seul lien qui rattache Le Retour des Morts-Vivants 3 aux épisodes réalisés par Dan O’Bannon et Ken Wiederhorn est l’idée que l’armée américaine tente de créer une escouade de soldats indestructibles à l’aide de fûts emplis d’un produit chimique, la trioxine, qui a la capacité de ramener les morts à la vie. Le chef de ce projet est le colonel John Reynolds (Kent McCord), un homme strict et austère dont le fils Curt (J. Trevor Edmond) est transi d’amour pour la magnifique Julie (Mindy Clarke). Un soir, les jeunes tourtereaux en quête de sensations fortes pénètrent dans le laboratoire de Reynolds et découvrent avec horreur l’incroyable fruit de ses expériences. Fuyant pour ne pas tomber entre les mains des vigiles, Curt et Julie sont victimes d’un accident de moto au cours duquel la belle trouve la mort. Fou de douleur, Curt décide en désespoir de cause d’utiliser les recherches de son père pour ressusciter sa bien-aimée, suivant en cela l’exemple de Bruce Abbott à la toute fin de Re-Animator. La trioxine fait son petit effet, et Julie revient effectivement d’entre les morts, mais désormais elle est dévorée par un insatiable appétit de chair humaine…
Mieux maîtrisé que Society, plus abouti que Re-Animator 2, Le Retour des Morts-Vivants 3 est probablement l’un des meilleurs films de Brian Yuzna, oscillant avec talent entre l’horreur crue et le drame poignant, sans se priver de quelques écarts gore volontiers excessif. A cet effet, le maquilleur Steve Johnson et son équipe ont déployé toute leur inventivité pour concevoir des zombies surprenants, du squelette recouvert de chair en décomposition à l’homme sans calotte crânienne en passant par la tête rattachée à sa moelle épinière… Des délires visuels à la Screaming Mad George qui rappellent parfois ceux de Braindead.
La douleur comme obstacle à la zombification
Au passage, Yuzna détourne un phénomène de mode alors en pleine croissance, le piercing, car pour pouvoir réfréner sa faim anthropophage et se raccrocher à ses dernières parcelles d’humanité, Julie s’inflige volontairement des douleurs physiques, plantant une myriade d’objets métalliques et de bouts de verre tout au long de son corps. D’où un look particulièrement destroy qui hisse sans peine cette femme-zombie désespérée au rang de nouvel icône marquant du cinéma d’horreur, bien plus mémorable que la fiancée zombie de Re-Animator 2. Le climax, qui nous évoque à nouveau les excès du premier Re-Animator, voit tous les zombies cobayes du laboratoire militaire s’échapper et attaquer les scientifiques, jusqu’à un final poignant et inéluctable, parachevant cette œuvre d’exception dont les faibles moyens n’entachent aucunement l’impact émotionnel.
© Gilles Penso
Partagez cet article