Godzilla affronte une version mutante de lui-même née d’une de ses propres cellules irradiée par des rayons cosmiques
GOJIRA TAÏ SUPESUGODZILLA
1994 – JAPON
Réalisé par Kensho Yamashita
Avec Megumi Odaka, Jun Hashizume, Zenkichi Yoneyama, Akira Emoto, Towako Yoshikawa, Yosuke Saito, Kenji Sahara
THEMA DINOSAURES I ROBOT I SAGA GODZILLA
Redoublant d’imagination et d’inventivité, les scénaristes de la Toho s’amusent, depuis la résurrection de Godzilla en 1984, à lui opposer des ennemis mixant les monstres de la première série (Ghidrah, Mothra, Mecha-Godzilla) et de toutes nouvelles créations, comme c’est le cas ici. Au début du film, scientifiques et militaires se sont mis en tête de régler le « problème Godzilla », mais en optant pour deux solutions incompatibles. La première consiste à prendre le contrôle du dinosaure par télépathie. La seconde vise son élimination pure et simple, à l’aide d’une invention prodigieuse baptisée Mogera. Héritée des dessins animés Transformers, cette machine prend tour à tour les allures d’un vaisseau spatial ou d’un robot bipède empruntant sa morphologie à celui de Prisonnières des Martiens. Elle peut aussi se diviser en deux, une moitié se muant en bombardier futuriste, l’autre en tank-foreuse. Godzilla, lui, ne fait son apparition qu’au bout de vingt minutes de film, surgissant de l’océan de fort majestueuse manière, sa queue ondulant comme un serpent de mer, sa petite gueule carnassière hurlant au sommet de sa colossale stature.
Quarante ans après sa naissance, le saurien nippon n’a rien perdu de sa superbe, aidé par un relookage accentuant sa bestialité. On ne peut pas en dire autant, hélas, de son fils, un baby Godzilla rondouillard et anthropomorphe à peu près aussi grotesque que celui de La Planète des monstres, qui fait ici de la figuration en sautillant joyeusement. Le scénario prend une nouvelle tournure lorsqu’une jeune médium a une vision de Mothra, le papillon géant, et des Alienas, les deux jumelles miniatures qui l’accompagnent. Celles-ci lui révèlent qu’il faut protéger Godzilla, car lui seul pourra sauver la Terre du péril qui la menace. Effectivement, un nouveau monstre surgit cosmos et sème la terreur. Sorte de sosie agressif de Godzilla, il a le dos hérissé de cristaux spatiaux et possède un gigantesque pouvoir de destruction. Son origine est des plus curieuses : il serait en effet né d’une cellule de Godzilla, envoyée dans l’espace lors d’un combat précédent, absorbée par un trou noir et irradiée par une explosion d’étoiles. Il s’agit donc d’un clone cosmique de notre bon vieux dinosaure, qui répond en toute logique au nom de Space-Godzilla.
L’art de la démesure
Au cours du premier combat opposant le Roi des Monstres et son alter-ego maléfique, baby Godzilla est sérieusement blessé. Godzilla n’a dès lors plus qu’une idée en tête : éliminer cette menace spatiale. D’où un titanesque pugilat final, au beau milieu des buildings d’une île japonaise vouée au carnage massif. Mogera prête main forte à Godzilla pour éradiquer ce monstre tenace, qui s’abrite derrière un champ de force en forme de cristaux. Comme toujours, le scénario n’exclut ni la naïveté extrême, ni les incohérences. Mais le charme opère toujours, grâce à une mise en scène ne reculant devant aucune démesure et à des effets spéciaux volontiers spectaculaires. Quant à la partition emphatique de Takayuki Hattori, elle dramatise à outrance chaque séquence en empruntant ses accents symphoniques aux plus grands : John Williams, John Barry et Jerry Goldsmith, rien que ça !
© Gilles Penso
Complétez votre collection
Partagez cet article