FRAGILE (2005)

Jaume Balaguero plonge Calista Flockhart (Ally McBeal) dans les méandres d’un hôpital hanté par de sinistres fantômes

FRAGILES

 

2005 – ESPAGNE

 

Réalisé par Jaume Balaguero

 

Avec Calista Flockhart, Yasmin Murphy, Elena Anaya, Gemma Jones, Richard Roxburgh, Colin McFarlane, Michael Pennington

 

THEMA FANTOMES

Avec Fragile, Jaume Balaguero continue de tracer le sillon entamé avec La Secte sans nom et Darkness. Toujours attiré par l’épouvante insidieuse et les traumatismes de l’enfance, le cinéaste espagnol adoucit au fil de ses films son propos, troquant peu à peu l’horreur psychologique contre le drame humain. En ce sens, Fragile est certainement l’un de ses films les plus subtils et les plus aboutis, marchant ouvertement sur les traces de l’Echine du diable de Guillermo del Toro dont il reprend plusieurs composantes. Échappant totalement à son passé télévisuel et au personnage d’Ally McBeal qui lui collait à la peau, Calista Flockhart incarne Amy, une infirmière hantée par un passé douloureux qui intègre un hôpital pour enfants sur le point de fermer ses portes. Sinistre et délabré, le lieu semble charrier des angoisses et des secrets innommables. Cet hôpital aurait dû fermer depuis longtemps, mais un accident ferroviaire oblige le personnel à garder cet endroit ouvert plus longtemps que prévu.

Sur place, Amy se prend d’affection pour la petite Maggie Reynolds, qui communique régulièrement avec un personnage fantomatique, Charlotte, « la fille mécanique ». Parmi les autres étrangetés de cet endroit, il y a un deuxième étage condamné depuis les années cinquante, une infirmière qui protège les patients victimes d’attaques mystérieuses, une autre infirmière qui vient de mourir dans un accident de voiture, un petit garçon qui se retrouve sans explication avec une double fracture soudaine… L’atmosphère que construit Balaguero sait susciter le malaise sans qu’il ait besoin de recourir aux artifices habituels (si l’on excepte les quelques ombres qui courent furtivement à l’avant-plan), l’une des grandes forces du film étant son casting impeccable et sa solide direction d’acteurs.

Le voyage entre les vivants et les morts

Alors que le mystère s’épaissit, Amy confie ses doutes à deux vieilles dames qui lui déclarent : « Savez-vous ce qu’est la vie ? Rien de plus qu’un voyage entre deux mondes : le nôtre, celui des vivants, et celui de morts. » Le principe de Fragile veut ainsi que ceux qui approchent de la mort puissent percevoir des visions de l’au-delà. Ce qui expliquerait pourquoi tous ceux qui ont pu voir l’inquiétante Charlotte sont décédés ou souffrent d’une maladie incurable. Là où les choses prennent une tournure plus effrayante, c’est lorsqu’Amy elle-même, en allant fouiller le 2ème étage, aperçoit la fillette. Grâce à un film super 8 d’époque, elle pense comprendre le fin mot de l’histoire. Mais elle n’est pas encore au bout de ses surprises, et le public non plus. Même si les ultimes apparitions du fantôme sont franchement angoissantes, le film n’a pas vocation première de faire peur (domaine dans lequel le cinéaste a pourtant prouvé sa maîtrise au cours de sa filmographie précédente). Le passé du personnage de Charlotte est assez atroce, mais Fragile est surtout un drame très émouvant, comme le confirme son final particulièrement touchant. Et la prestation à fleur de peau de Calista Flockhart nous fait regretter que la pétillante Ally McBeal n’ait pas plus souvent illuminé les grands écrans de sa présence.

 

© Gilles Penso

 

Complétez votre collection



Partagez cet article