Le réalisateur du Bal de l’horreur lâche sur un groupe de jeunes vacanciers un cannibale psychopathe et bestial
HUMONGOUS
1982 – CANADA
Réalisé par Paul Lynch
Avec Janet Julian, David Wallace, John Wildam, Janet Baldwin, Joy Boushel, Layne Coleman, Shay Garner, Page Fletcher
THEMA CANNIBALES
Après avoir surfé sur la vague de La Nuit des masques et de Vendredi 13 avec son Bal de l’horreur en 1980, Paul Lynch se frotte cette fois-ci au survival. Il livre ainsi cet étrange Humongous, dont le titre évoque Anthropophagous et dont le postulat de départ emprunte quelques éléments à La Colline a des yeux, Délivrance et même aux Entrailles de l’enfer, ce qui ne l’empêche pas pour autant de posséder sa propre originalité. Au début du film, une jeune femme fortunée est violée par un des invités d’une réception qu’elle donne dans son manoir, au beau milieu d’une île sauvage. Le viol étant filmé du point de vue de la victime, l’impact de la séquence est assez fort. La jeune femme est laissée dans un état d’hébétude, et tandis que son agresseur passablement éméché s’apprête à prendre la poudre d’escampette, il est attaqué par les chiens de sa victime qui le mettent en pièce et le dévorent. Trente-six ans plus tard, Eric, son frère Nick, leur sœur Clara et deux amies embarquent à bord d’un yacht afin de profiter d’une agréable journée en mer. Nous retrouvons là l’archétype caricatural des adolescents idiots et hilares prompts à se muer en viande hachée dans maints films d’horreur des années 80, à grand renfort d’humour gras et de blagues potaches.
Au milieu du voyage, un épais voile de brume enveloppe les cinq amis. C’est alors que le groupe recueille un homme en détresse sur son bateau en panne. Ce dernier semble intégré dans le film uniquement pour annoncer aux héros et aux spectateurs la nature de la menace qui pèse désormais sur eux. Et comme dans tout slasher qui se respecte l’érotisme soft est de bon aloi, Paul Lynch y va de sa petite séquence topless, au cours de laquelle l’opulente Joy Boushel se met subitement torse nu et presse sa poitrine contre celle du chanceux marin pour le réchauffer. Bientôt, une maladresse de Nick fait échouer le yacht sur une île désolée d’où s’échappent des hurlements de chiens. Là, nos naufragés découvrent la maison d’une vieille femme, mais ils sont agressés un à un par son fils. Celui-ci est né du viol que subit jadis sa mère, et il rôde désormais sur l’île. Moitié homme, moitié bête, difforme et exagérément velu, il dévore sauvagement hommes et animaux sans le moindre scrupule.
Un climat de violence permanent
Le jeu de massacre prend ainsi des allures bien connues, ne s’aventurant jamais non loin des sentiers battus, et il n’est pas bien difficile pour le spectateur de savoir quel protagoniste échappera aux griffes du cannibale meurtrier. Mais le manque de nouveauté du scénario est relevé par un jeu d’acteurs très convaincant (avec en tête la charmante Janet Julian, petite amie de Christopher Walken dans King of New-York) et une mise en scène fort efficace. D’autant que le film baigne en permanence dans un climat de violence très forte mais tout en suggestions. Lynch joue ainsi en virtuose avec les peurs primales, notamment celles de l’obscurité et de l’isolement. Le gore n’est donc pas l’objet principal d’Humongous, et le monstre préfère d’ailleurs user de sa force pour broyer ses victimes humaines plutôt qu’employer des armes tranchantes comme ses collègues Michael Myers et Jason Voorhes.
© Gilles Penso
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