Les employés d’une station de forage sous-marine tentent de survivre après un séisme qui a réveillé de redoutables créatures…
UNDERWATER
2020 – USA
Réalisé par William Eubank
Avec Kirsten Stewart, Vincent Cassel, T.J. Miller, Jessica Henwick, Mamoudou Athie, John Gallagher Jr., Gunner Wright
THEMA MONSTRES MARINS I CATASTROPHE
Écrit par Brian Duffield (The Babysitter) et Adam Cozad (La Légende de Tarzan), réalisé par William Eubank (The Signal), Underwater est le dernier film produit par le studio 20th Century Fox avant son rachat par Walt Disney. Tournant le dos aux conventions traditionnelles du cinéma catastrophe, qui consistent généralement à présenter longuement les protagonistes et leur environnement avant que survienne le drame, le scénario fait survenir le cataclysme d’emblée. Charge aux spectateurs de comprendre en cours de route qui sont les personnages principaux et quelle est la nature de la situation. Le premier être humain qui apparaisse à l’écran est l’ingénieur en mécanique Norah Price, incarné par Kirsten Stewart. Cassant son image glamour, la star de Twilight et Blanche-Neige et le chasseur adopte un look inhabituel : cheveux presque rasés et décolorés, grandes lunettes, tenue masculine, expression dure. Mais son regard clair et ses traits gracieux affleurent encore derrière cette apparence austère, qu’on devine être une carapace protectrice. Une photo furtivement aperçue de sa vie passée, sur laquelle elle affirme plus ouvertement sa féminité, semble confirmer cette impression.
Alors qu’elle arpente les corridors de la station de forage Kepler 822, édifiée à 10 000 mètres de profondeur dans la fosse des Mariannes pour le compte de la compagnie Tian Industries, Norah fait face à un soudain cataclysme. Un séisme titanesque semble avoir désintégré la quasi-totalité des lieux. Réfugiée de justesse dans une zone protégée, la jeune femme donne l’alerte et part en quête d’éventuels rescapés. Elle finit par tomber sur le capitaine W. Lucien (Vincent Cassel), le foreur Paul Abel (T.J. Miller), la biologiste Emily Haversham (Jessica Henwick), l’ingénieur Liam Smith (John Gallagher Jr.) et le responsable système Rodrigo Nagenda (Mamoudou Athie). Prise au piège, cette poignée de survivants va tout tenter pour remonter à la surface. Mais les débris de la station sont un labyrinthe dangereux. Et d’inquiétantes créatures sous-marines d’une espèce totalement inconnue semblent roder autour d’eux…
Les monstres des profondeurs
Underwater emprunte un terrain déjà balisé par des œuvres telles que Abyss, M.A.L., Leviathan, Peur bleue ou même L’Aventure du Poséidon. Mais l’influence majeure du film semble être Alien. Il est d’ailleurs tentant de plaquer une grille de lecture comparative entre les deux films, de la découverte de la première créature (qui ressemble étrangement à un « chestbuster ») jusqu’au climax où l’héroïne quitte son lourd scaphandre pour affronter en sous-vêtements la menace venue d’ailleurs. Mais l’emprunt le plus intéressant au classique de Ridley Scott est la nature même des protagonistes, des « cols bleus » employés par un consortium industriel. Simples techniciens, ingénieurs, femmes et hommes de terrain, ils n’ont rien des héros traditionnels et luttent donc contre les « aliens » avec les moyens à leur disposition : le pragmatisme, l’inventivité, l’opiniâtreté et une solidarité les poussant sans cesse à se protéger les uns les autres au péril de leur propre vie. Attachants parce que résolument humains et réalistes, ces personnages suscitent une empathie naturelle lorsqu’ils font face au danger pour tenter d’échapper à une situation qui semble désespérée. Si les séquences de suspense marchent à plein régime, William Eubank nous offrant la vision subjective des survivants dans les abysses ou installant littéralement sa caméra à l’intérieur de leur casque, c’est parce qu’elles s’appuient sur les peurs primaires les plus élémentaires. Dommage cependant que la disposition des lieux soit souvent incompréhensible, privant les spectateurs d’une appréhension claire des enjeux topographiques. Cerise sur le gâteau, les monstres – habilement dissimulés dans les ténèbres aquatiques – évoquent tour à tour Alien et L’Étrange créature du lac noir, avant que la source d’inspiration manifeste du cinéaste ne frappe les esprits d’une manière particulièrement impressionnante : H.P. Lovecraft et ses Grands Anciens. D’où un climax vertigineux qui monte en puissance aux accents d’une bande originale emphatique signée Marco Beltrami et Brandon Roberts.
© Gilles Penso
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