L’adaptation flamboyante d’une des aventures extraordinaires les plus célèbres de Jules Verne
JOURNEY TO THE CENTER OF THE EARTH
1959 – USA
Réalisé par Henry Levin
Avec James Mason, Pat Boone, Arlene Dahl, Diane Baker, Thayer David, Peter Ronson, Robert Adler, Alan Napier
THEMA EXOTISME FANTASTIQUE I DINOSAURES
Avant Arthur Conan Doyle (« Le Monde Perdu ») et Edgar Rice Burroughs (le cycle « Pellucidar »), Jules Verne s’était déjà approprié avec panache le mythe du monde perdu avec son fameux « Voyage au Centre de la Terre », publié en 1864. Cet archétype des aventures extraordinaires, dont il fera sa spécialité, marque ses premiers pas dans le domaine de la science-fiction. Somptueuse adaptation de ce classique du fantastique littéraire, le film réalisé en 1959 par Henry Levin fut initié par le studio Fox pour capitaliser sur le succès de deux autres transpositions de Jules Verne à l’écran, 20 000 lieues sous les mers de Richard Fleischer et Le Tour du monde en 80 jours de Michael Anderson. L’intrigue de Voyage au centre de la terre se situe à la fin du 19ème siècle. Le professeur Lindenbrock (James Mason, qui incarnait justement le capitaine Nemo cinq ans plus tôt) y fait une découverte sensationnelle. Un savant islandais du moyen-âge, Saknussen, aurait en effet trouvé le moyen de se rendre au centre de la terre, consignant sur un document écrit le chemin à emprunter depuis l’emplacement d’un volcan précis. Or Lindenbrock est parvenu à déchiffrer ce message. Mais il n’est pas le seul sur la piste. Le professeur Götteborg de Stockholm (Ivan Triesault) voudrait lui damer le pion, avant de passer l’arme à gauche suite à l’intervention d’un arrogant descendant de Sacknussen (Thayer David).
Dès lors, il n’y a plus d’obstacle sur le chemin de l’expédition de Lindenbrock. Le savant sera accompagné par Alec (Pat Boone), le fiancé de sa nièce Jenny (Diane Baker), Hans Belker (Peter Ronson), un guide islandais, et Carla (Arlene Dahl), la veuve du professeur Götteborg. La petite expédition s’enfonce progressivement dans les entrailles de notre planète. Plus nos protagonistes s’approchent de la croûte terrestre, plus leur odyssée prend les allures de voyage dans le temps, portée par une partition tourmentée de Bernard Herrmann qui renforce le caractère fantasmagorique du film. Cette bande originale devenue classique s’inscrit d’ailleurs au sein d’une période propice aux univers fantastiques pour le compositeur fétiche d’Alfred Hitchcock, exactement à mi-chemin entre les musiques qu’il écrivit pour deux contes animés par le magicien Ray Harryhausen : Le 7ème voyage de Sinbad et Les Voyages de Gulliver.
L’attaque des reptiles géants
Voyage au centre de la terre se pare de magnifiques peintures sur verre et de décors surréalistes, comme cet océan intérieur dont la plage est peuplée de dinosaures quadrupèdes au dos écaillé à mi-chemin entre les dimétrodons et les édaphosaures. Ceux-ci sont en réalité des iguanes, affublés d’une crête dorsale en caoutchouc, qui se déplacent hélas trop vite pour paraître vraiment gigantesques, malgré l’effet de ralenti utilisé. Intégrés aux comédiens dans des plans larges superbes, les reptiles se jettent sur l’un de leurs congénères, blessé par deux harpons, ce qui laisse imaginer les sévices qu’a dû subir l’animal au cours du tournage. On peut craindre la même chose du varan qui plus tard, dans le décor des ruines de l’Atlantide, est enseveli sous des flots de lave. Ce bémol de taille nous gâche un peu le plaisir, d’autant que des dinosaures en stop-motion se seraient avérés beaucoup plus convaincants et spectaculaires. La technique fera pourtant école, notamment dans la version 1960 du Monde perdu qui sera initiée par le producteur Irwin Allen en grande partie suite au succès international du Voyage au centre de la terre d’Henry Levin, considéré aujourd’hui encore comme la meilleure adaptation filmée du classique de Verne.
© Gilles Penso
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