Un savant fou injecte le venin d’une araignée géante à une armée de pinups pour créer une race de femmes surpuissantes !
MESA OF LOST WOMEN
1952 – USA
Réalisé par Herbert Trevos et Ron Ormond
Avec Allan Nixon, Jackie Coogan, Richard Travis, Lyle Talbot, Mary Hill, Robert Knapp, Tandra Quinn, Chris-Pin Martin, Harmon Stevens, Nico Lek, Kelly Drake, John Martin, George Barrows, Candy Collins
THEMA ARAIGNÉES
« Une araignée géante, ça ne peut pas faire de mal ! ». C’est sans doute en ces termes que raisonna le producteur Ron Ormond lorsqu’il récupéra le projet inachevé « Lost Women of Zarpa », dont Herbert Tevos commença le tournage avant que le film ne soit abandonné en cours de route faute de budget suffisant. À cette aventure exotique, Ormond jugea bon d’ajouter le motif du savant fou, sous forme d’un émule excentrique du docteur Moreau. Résultat de ce bricolage hasardeux, Mesa of Lost Women raconte en flash-back, et avec l’appui d’une voix off envahissante, les exactions du docteur Aranya, dont le nom pourrait se traduire en espagnol par « araignée ». Ça tombe bien, puisque ce scientifique peu orthodoxe a décidé de créer une araignée géante dont il injecte le venin à des cobayes féminins dans le but de créer une race de femmes surpuissantes. Face à l’une de ses créations, il s’exalte : « elle a la beauté et l’intelligence humaines, tout en possédant les capacités et les instincts de l’araignée géante ! » Peu avare en répliques emphatiques, il affirme : « Si je réussis, j’obtiendrai une super-araignée femelle ! Une créature qui pourrait, un jour, contrôler le monde, mais qui serait soumise à ma volonté ».
Comme il se doit, Aranya travaille dans un laboratoire plein de fioles qui fument et d’appareils électriques qui font bzzz, tout en bénéficiant de l’assistance servile d’un serviteur bossu et nain. Reclus dans le désert pour éviter les curieux, notre savant cherche à recruter un collègue et jette son dévolu sur le docteur Masterson. Mais lorsque ce dernier découvre l’horrible araignée géante (autrement dit une maquette grandeur nature qui semble échappée d’une fête foraine et agite vaguement les pattes sans conviction), il refuse de participer à de telles hérésies. Lâché dans la nature après l’injection d’un sérum qui le fait sombrer dans la folie, Masterson force une petite expédition à s’envoler au-delà des montagnes pour retrouver Aranya et son laboratoire maudit.
Le charme vénéneux de Tarantella
Le visionnage de Mesa of Lost Women ressemble à une épreuve de patience, tant le film est avare en péripéties, bavard et répétitif. Scandées par une musique pesante de Hoyt Curtin quasi-exclusivement interprétée au piano et à la guitare, les pérégrinations des protagonistes dans la jungle mexicaine traînent interminablement en longueur. De temps en temps, pour sortir le spectateur de sa torpeur, des gros plans incongrus s’insèrent dans le montage (l’assistant bossu qui ricane, le serviteur asiatique au regard fourbe, une femme araignée à la beauté fatale et aux doigts ornés d’immenses faux ongles noirs). Rarement un film aussi court (à peine 68 minutes) aura paru aussi long. Pourtant, Mesa of Lost Women mérite qu’on y jette un petit coup d’œil, pas tant pour le charme de sa ridicule tarentule éléphantesque que pour celui de la splendide Tandra Quinn qui, dans le rôle de Tarantella, enivre nos sens avec ses regards envoûtants et la longue danse érotique à laquelle elle se livre dans une taverne locale. La promotion de Mesa of Lost Women exploitera d’ailleurs largement la plastique irréprochable de cette belle femme-araignée. En France, le film sortira brièvement en VHS sous le titre raccourci de Lost Women.
© Gilles Penso
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