Non : la France et le cinéma fantastique ne sont pas incompatibles. La preuve en 80 films !
PUBLIÉ LE 5 DÉCEMBRE 2020
Pourquoi la France est-elle si inconfortable avec le cinéma fantastique et ses praticiens ? Pourquoi la terre natale de Georges Méliès et Jean Cocteau s’échine-t-elle à rejeter avec mépris le genre cinématographique dont elle fut le berceau ? Ce mystère est d’autant plus insondable qu’il n’en fut pas toujours ainsi. Au début du siècle, le public du monde entier s’extasiait face aux voyages extraordinaires et aux mille merveilles mises en scènes par le magicien Méliès. Dans les années 30, Luis Buñuel osait filmer L’Âge d’or, Cocteau signait Le Sang d’un poète, Julien Duvivier ressuscitait Le Golem. Sous l’occupation, la France produisait La Charrette fantôme, Les Visiteurs du soir, La Main du diable, et plus tard La Belle et la Bête, Orphée et La Beauté du diable. Même les années 50 déclinantes nous offraient encore quelques classiques du genre comme Les Yeux sans visage de Georges Franju ou Le Testament du docteur Cordelier de Jean Renoir. Ce n’étaient pas là les tentatives isolées de quelques réalisateurs indépendants désireux de s’inscrire en marge des institutions, mais un cinéma prestigieux, reconnu et établi. Que s’est-il donc passé à l’aube des années 60 ?
Nombreux sont ceux qui associent le déclin inexorable du cinéma fantastique français à l’émergence de la Nouvelle Vague, plus propice au réalisme brut, à la comédie de mœurs et à l’étude sociale qu’à la fantasmagorie et à l’imaginaire. C’est sans doute en partie vrai. Mais les choses ne sont pas si simples. Après tout, François Truffaut, Jean-Luc Godard, Alain Resnais ou Claude Chabrol, quelques-unes des figures emblématiques de ce mouvement générationnel, étaient eux-mêmes des amateurs de fantasy et de science-fiction, au point qu’ils s’y essayèrent tous au moins une fois, comme en témoignent Fahrenheit 451, Alphaville, Je t’aime je t’aime ou Alice ou la dernière fugue. D’autres vont chercher beaucoup plus en amont les raisons de la mort annoncée du cinéma fantastique en France, accusant le retour des penchants rationalistes de notre belle nation, hérités des pensées philosophiques cartésiennes du fameux « Discours de la Méthode ». Peut-être. Mais le fief de René Descartes est aussi celui de Jules Verne, Guy de Maupassant, Théophile Gautier et René Barjavel. Cette théorie ne tient donc qu’à un fil un peu ténu.
Quelles que soient les raisons de ce soudain déni, il semble être devenu incongru, voire inconvenant, de réaliser des films fantastiques dans notre pays. Comme si la dure réalité se suffisait à elle-même. Comme si le rêve et l’imaginaire n’avaient plus droit de cité au sein d’un Septième Art devenu intouchable sous le sceau de cinéphiles agissant comme des « gardiens du temple » obtus et inflexibles. Comme s’il fallait laisser ces enfantillages aux réalisateurs américains, bien plus immatures et naïfs que nos fiers représentants de l’exception culturelle. Bien sûr, il y eut des exceptions, et il y en a toujours. Il y eut même quelques succès notables. Mais toutes ces incursions, si nombreuses soient-elles, restent marginales. Dans le meilleur des cas, les institutions respectables sont prêtes à les accepter à condition de ne pas les considérer comme de simples films fantastiques mais des œuvres aux ambitions plus larges. Le fantastique tout court serait-il trop réducteur, trop anecdotique, trop vulgaire ? Dans un tel contexte, l’éclosion de talents atypiques ou hors norme semble difficile. Voilà pourquoi il semble nécessaire de souligner toutes ces merveilleuses « anomalies » qui jonchent le paysage cinématographique français.
Horreur, fantasy, science-fiction, mélange des genres, confusion des styles, voici une sélection variée – mais subjective, forcément – de ce que notre pays a produit de plus mémorable dans le domaine du cinéma fantastique, des origines à nos jours.
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