Des zombies venus du passé dévorent les occupants d’une résidence luxueuse perdue dans la campagne italienne
LE NOTTI DE TERRORE
1980 – ITALIE
Réalisé par Andrea Bianchi
Avec Karin Well, Gianluigi Chirizzi, Simone Mattioli, Antonella Antinori, Roberto Caporali, Claudio Zucchet, Peter Bark
THEMA ZOMBIES
Comme bien de ses compatriotes, le cinéaste Andrea Bianchi marche sur les traces de Lucio Fulci, Le Manoir de la terreur singeant l’œuvre de l’auteur de Frayeurs sans hélas en retrouver l’esprit, l’originalité et la morbide poésie. Prudent, le producteur Gabriele Crisanti octroie au cinéaste quatre petites semaines de tournage dans un château de la ville de Frascati, à vingt kilomètres de Rome, et un casting constitué de comédiens peu connus du grand public. La séquence d’introduction annonce clairement la couleur, entrant dans le vif du sujet sans s’embarrasser d‘explications ou de cohérence. On y voit un vieux professeur féru de fouilles archéologiques ouvrir une crypte et ranimer aussitôt une horde de zombies qui entreprennent de l’occire avant d’aller se dégourdir les gambettes aux alentours. Puis vient la présentation des futures victimes, autrement dit trois couples de la jet-set invités à passer le week-end dans la maison de campagne d’un riche industriel.
Nous avons droit à quelques coucheries de soap-opéra et à une poignée de séquences bizarres avec un petit garçon qui a un visage très étrange et qui répond au prénom de Michael. Ce dernier est en réalité interprété par un comédien adulte de petite taille, Peter Bark, afin que le cinéaste puisse le placer au cœur de séquences malsaines sans la moindre retenue. Car non seulement Michael assiste à l’inévitable carnage qui ne tarde pas à éclabousser l’écran, mais en plus il entretient des relations incestueuses avec sa mère (il finira même par lui dévorer un sein après s’être mué en zombie !). Si le film n’hésite pas à plagier L’Enfer des zombies jusqu’à en reprendre des séquences entières (le mort-vivant qui empoigne une jeune femme par les cheveux et attire son visage vers des éclats de verre acérés jusqu’à la mutiler), l’assaut de la maison par les cadavres ambulants, pour sa part, recycle la mécanique instaurée par La Nuit des morts-vivants. Le Manoir de la terreur est émaillé de scènes gores excessives à base de maquillages souvent grossiers. Éviscérations, crânes fracassés par des pierres, décapitation à la faux, explosions de têtes, mains tranchées à la machette, égorgements à coups de dents sont au programme des festivités.
Vieilles bures et têtes de mort
Les zombies eux-mêmes sont franchement grotesques, affublés qu’ils sont de masques de carnaval imitant vaguement des crânes humains, avec des vers grouillants pour les gros plans. Ils sont vêtus de bures élimées et lorsqu’on leur tire dessus, un sang épais et exagérément rouge coule de leurs blessures. Andrea Bianchi utilise intensivement le grand angle, les caméras portées et les jeux d’avant-plans pour agrémenter ses scènes d’action, lesquelles tombent hélas souvent à plat à cause du jeu catastrophique des comédiens, y compris les zombies qu’on devine bien embarrassés sous leur maquillage pesant. Restent quelques séquences de suspense assez réussies (la fille coincée dans le piège à loup, l’assaut des moines zombies dans le monastère) et un final cauchemardesque laissant peu d’espoir quant au salut de ses protagonistes. Malgré ses faiblesses et ses approximations, Le Manoir de la Terreur connut un grand succès lors de sa distribution internationale.
© Gilles Penso
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