IDENTITY (2003)

James Mangold plonge dix personnes dans un huis-clos qui se transforme progressivement en cauchemar

IDENTITY

 

2003 – USA

 

Réalisé par James Mangold

 

Avec John Cusack, Ray Liotta, Amanda Peet, John Hawkes, Alfred Molina, Clea DuVall, John McGinley, William Lee Scott, Jake Busey

 

THEMA TUEURS

En 1997, James Mangold avait bousculé le film noir avec Copland, offrant à Sylvester Stallone l’un de ses plus beaux rôles. A l’occasion d’Identity, il décide cette fois-ci de malmener les conventions du film de tueur psychopathe en prenant comme prétexte une intrigue à la « Cluedo », façon « Les Dix Petits Nègres ». Le récit se met en place dans un motel perdu en plein Nevada, où dix personnes trouvent refuge au beau milieu de la nuit, surprises par un violent orage qui a coupé toutes les routes. Ainsi se côtoient pèle mêle une actrice et son chauffeur (Rebecca de Mornay et John Cusak), un policier et son prisonnier (Ray Liotta et Jake Busey), un jeune couple en lune de miel (Clea DuVall et William Lee Scott), une prostituée (Amanda Peet) et une famille victime d’un accident (John McGinley, Leila Kenzle et Bret Loehr). L’atmosphère est quelque peu tendue, mais elle vire carrément à la panique lorsqu’une série de meurtres commence à frapper les occupants du motel. Tous les soupçons se tournent vers le prisonnier, qui est parvenu à s’évader, mais lorsque son cadavre est découvert à son tour, il devient évident que le coupable est ailleurs.

Le mystère s’épaissit, tandis que les assassinats prennent une tournure quasi-surnaturelle. Comment expliquer autrement ces clefs numérotées qui semblent surgir de nulle part et accompagnent chaque cadavre ? Ou ces corps qui finissent par disparaître sans laisser de trace ? L’enquête menée par le policier et le chauffeur piétine donc, et le spectateur se laisse aller à toutes les conjectures. Tout se passe comme si la mort elle-même fauchait ses victimes selon un schéma précis, à la manière de Destination finale. Parallèlement, James Mangold monte des séquences qui semblent n’avoir aucun rapport direct avec l’intrigue principale. On y voit les efforts d’un médecin (Alfred Molina, futur docteur Octopus de Spider-Man 2) pour convaincre un juge de reconsidérer la peine maximale à laquelle fut condamné l’un de ses patients, un tueur en série à la santé mentale fragile. Les deux histoires, ainsi juxtaposées, semblent bien entretenir quelques liens thématiques, mais rien ne permet de les raccorder dans le temps ou dans l’espace.

Coup de théâtre

C’est là tout le génie du scénario de Michael Cooney, qui clôt le récit sur un monumental coup de théâtre comblant tous les vides, liant chaque sous-intrigue et laissant quelque peu le spectateur sur les rotules. Dommage que ce gigantesque « twist » fonctionne plus sur le registre intellectuel qu’émotionnel. Car si la surprise qu’il génère est tout à fait réussie, et si les implications psychanalytiques qui le sous-tendent sont passionnantes, il n’en reste pas moins qu’il laisse dans son sillage un arrière-goût artificiel. Comme si le film entier n’était qu’un exercice de style cérébral, tellement soucieux de construire son retournement de situation qu’il oublie en route de nous attacher aux personnages et d’approfondir leurs caractères au-delà du simple archétype. Fort heureusement, l’efficacité de la mise en scène de Mangold et la conviction de ses comédiens jouent en faveur d’Identity, qui ne laisse personne indifférent et reste dans les mémoires comme une variante très originale sur un thème pourtant bien connu.

 

© Gilles Penso



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