Un film ultra-nostalgique des années 80 dans lequel quatre adolescents traquent un serial killer qui s’en prend aux enfants
SUMMER OF 84
2018 – Canada / USA
Réalisé par François Simard, Anouk Whissell, Yoan-Karl Whissell
Avec Graham Verchere, Judah Lewis, Caleb Emery, Cory Gunter-Andrew, Tiera Skovbye, Rich Sommer, Jason Gray-Stanford, Shauna Johannesen
THEMA TUEURS
Décidément, le trio canadien François Simard, Anouk Whissell et Yoan-Karl Whissell a du mal à sortir des années 80. Après une série de courts-métrages de genre inspirés du cinéma fantastique des eighties, ils signaient le réjouissant Turbo Kid conçu comme un hommage aux films post-apocalyptiques ayant succédé à Mad Max 2. Avec Summer of 84, ils s’attachent à un groupe d’adolescents menacés par un serial-killer. Ce long-métrage nostalgique, qui semble autant payer son tribut aux slashers post-Halloween qu’aux Goonies et à Stand By Me, part avec de belles intentions. Mais Super 8, Stranger Things et Ça sont déjà passés par là, d’où un inévitable effet de déjà-vu. Car le trio Simard, Whissell & Whissell n’écarte aucun lieu commun : la musique synthétique rétro, les allers-venues à vélo dans un quartier résidentiel de banlieue, les événements mystérieux qui frappent la petite ville, les clins d’œil cinéphiliques destinés aux fans (E.T., Poltergeist, Le Retour du Jedi, Gremlins, Karate Kid) et surtout un groupe d’ados parfaitement archétypal. Dans l’ordre, nous avons le héros plus malin que les autres, le trouillard en surpoids, l’intellectuel à lunettes et le mauvais garçon obsédé sexuel. Côté clichés, nous voilà servis !
L’esprit Amblin est là, assumé dès les premières minutes. Nous sommes dans la ville banlieusarde de Cape May. Notre jeune héros Davey a quinze ans, est principalement élevé par sa mère puisque son père reporter est souvent en déplacement, communique avec ses amis grâce à un talkie-walkie, ne se déplace qu’en bicyclette, traîne au bowling et rêve de devenir cinéaste. « Comment est-ce que je vais devenir Spielberg si je ne pratique pas ? » dit-il à son père à qui il veut emprunter une caméra. Toute cette petite bande est perturbée par les exactions d’un tueur en série qui s’en prend aux adolescents de la ville. Alors que la police piétine, Davey commence à soupçonner l’un de ses voisins, dont le comportement lui semble suspect. Il convainc ses trois meilleurs amis de mener l’enquête avec lui, quitte à les plonger dans des situations de plus en plus risquées.
Un slasher soft
Bizarrement, alors que Turbo Kid regorgeait de séquences gore toutes plus excessives les unes que les autres, Summer of 84 reste très sage et met la pédale douce sur la violence, malgré le fort potentiel horrifique de son intrigue. De fait, nous sommes plus proches des Goonies que de Vendredi 13 pendant la majorité du métrage, autrement dit les 90 premières minutes. Même les épisodes les plus softs de Stranger Things nous semblent plus brutaux que ce film désespérément sage. Soignée mais relativement anonyme (comme serait celle d’une production Netflix classique), la mise en scène réserve son lot de « jump-scares » régulièrement disséminés pour raviver l’attention du public (la sonnerie stridente d’un téléphone, une chaudière qui se met en route en grondant, quelqu’un qui tape brusquement aux vitres, un copain qui fait une blague). Puis soudain, à dix minutes de la fin, Summer of 84 se transforme brièvement en survival et en slasher enfin digne de ce nom, secouant un peu les nerfs engourdis des spectateurs. Mais ce revirement est trop tardif, trop furtif, d’autant que le dénouement ne résout rien et s’ouvre vers une hypothétique séquelle, comme si le film ne pouvait pas se suffire à lui-même. Pas désagréable mais relativement anecdotique, Summer of 84 n’entrera donc guère dans les mémoires…
© Gilles Penso
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