LE MÉTRO DE LA MORT (1972)

Une famille de cannibales sévit dans les ténèbres du métro londonien et se repait des passagers égarés…

DEATH LINE / RAW MEAT

 

1972 – GB

 

Réalisé par Gary Sherman

 

Avec Donald Pleasance, Norman Rossington, David Ladd, Sharon Gurney, Hugh Armstrong, June Turner, Christopher Lee

 

THEMA CANNIBALES

Premier long-métrage de Gary Sherman, qui réalisera ensuite l’excellent Réincarnations, le dispensable Poltergeist 3 et un grand nombre d’épisodes de séries télévisées, Le Métro de la mort s’articule autour d’une étonnante légende urbaine. Dans le métro londonien, à mi-chemin entre les stations Russell Square et British Museum, douze ouvriers (huit hommes et quatre femmes) furent tués en 1892 suite à l’effondrement d’un toit. Mais certains d’entre eux ont survécus, sont restés isolés sous la terre et se sont mués au fil des ans en créatures bestiales et anthropophages, garnissant leur garde-manger en s’attaquant aux usagers du métro. Œuvre de Celi Jones, le scénario s’appuie sur une idée originale de Sherman.

Le générique de début nous plonge d’emblée dans une atmosphère moite et déstabilisante, jouant sans cesse sur les reports de mise au point pour mieux susciter le trouble (au sens propre comme au sens figuré). Dans les bas-fonds de la ville, un haut dignitaire traîne dans une boîte de strip-tease, puis drague sans finesse une jeune fille sur le quai du métro, est retrouvé peu après inconscient par un couple d’étudiants américains, et disparaît enfin sans laisser de trace. Missionné par Scotland Yard, l’irascible inspecteur Calhoun incarné par Donald Pleasence mène dès lors l’enquête. L’intrigue policière à l’ancienne que laisse imaginer le début du film bascule brutalement dans le gore lorsqu’un très long plan séquence particulièrement audacieux nous révèle un amoncèlement de cadavres en décomposition juchant les couloirs abandonnés du métro. Deux ans avant Massacre à la tronçonneuse, Gary Sherman nous expose ainsi les conséquences macabres d’un cannibalisme primitif transposé dans le cadre urbain. Errant sous terre en quête de pitance humaine, ces cannibales revenus à l’état sauvage s’avèrent porteurs de la peste septicémique.

Viande crue !

Fort de ce postulat choc, Sherman ne recule devant aucun effet gore. Hache plantée dans le crâne ensanglanté d’un homme, corps transpercé par un pieu, charnier pantelant dans les sous-sols, rat égorgé à coups de dents, rien ne nous est épargné ! Les distributeurs américains, n’y allant pas avec le dos de la cuiller, troquent du coup le titre original Death Line (« La ligne de la mort ») contre un plus explicite Raw Meat (« Viande crue »). Le temps d’une brève séquence, Christopher Lee incarne Stratton-Villiers, un agent du MI-6 hautain, prétentieux et habillé comme les Dupond et Dupont d’Hergé. Sa confrontation avec Donald Pleasence est l’une des scènes les plus savoureuses du film. Les deux acteurs rêvaient depuis longtemps de jouer ensemble, occasion que Gary Sherman leur offrit ici à une condition particulière : éviter autant que possible de les cadrer ensemble (l’un mesurant un mètre quatre-vingt-dix et l’autre un mètre soixante !). Ce petit passage humoristique et grinçant tranche avec l’atmosphère glauque, poisseuse et écarlate qui règne chez les cannibales décrépits du film.

 

© Gilles Penso



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