ATOMIC COLLEGE (1987)

Mauvais goûts, nudité, gore et monstres dégoulinants : la Troma décline les recettes de Toxic Avenger dans le décor d'un lycée américain

CLASS OF NUKE’EM HIGH

1987 – USA

Réalisé par Richard W. Haines et Samuel Weil

Avec Janelle Brady, Robert Prichard, Gil Brenton, Pat Ryan, James Nugent Vernon, Brad Dunker, Gary Schneider, Théo Cohan

THEMA MUTATIONSSAGA CLASS OF NUKE’EM HIGH

Un an après le relatif succès de Toxic Avenger, Lloyd Kaufman se glisse pour la onzième fois de sa carrière dans le fauteuil du réalisateur, sous le pseudonyme de Samuel Weil, et co-dirige avec Richard W. Haines ce nouveau rejeton estampillé Troma. Au programme : de l’humour gras, des dialogues stupides, des acteurs amateurs, de l’érotisme potache et des effets spéciaux horrifico-comiques. La recette n’est guère digeste, certes, mais elle donne lieu dans le cas présent un film plutôt sympathique, même s’il ne risque guère de marquer les mémoires. Sitôt vu, sitôt oublié en somme. La centrale nucléaire de Tromaville ayant une fuite, et son ventripotent patron étouffant l’affaire pour éviter le scandale, l’eau est contaminée et des liquides épais et peu ragoûtants s’infiltrent un peu partout dans le lycée voisin. Les pensionnaires de cet établissement scolaire parodient allégrement les clichés alors en vogue : le  boutonneux à lunettes, le rocker gominé façon Grease, la pom pom girl écervelée, le beau gosse genre capitaine de l’équipe de foot… Le premier lycéen infecté, Dewey, se met à baver abondamment, agresse ses camarades, puis se jette par la fenêtre avant de se décomposer à la vitesse grand V, se muant en squelette recouvert de chair putréfiée. Le ton d’Atomic College est ainsi donné. Comme dans tout lycée, il y a des mauvais garçons, qui prennent ici des allures de punks improbables et caricaturaux et répondent au doux nom de « Crétins ». 

Cette espèce de horde sauvage dégénérée à la Mad Max 2 achète de l’herbe à un employé de la centrale voisine, qui la fait pousser sur le site nucléaire. Ce qui donne fatalement aux joints des propriétés étranges. Warren Brant et Chrissy Murphy, le couple amoureux qui fait office de héros du film, en fera les frais. Chrissy est soudain gagnée par de violentes pulsions nymphomanes, puis vomit dans les toilettes un têtard monstrueux qui rappelle l’Elmer de Frank Henenlotter. Quant à Warren, il se métamorphose en justicier hideux et zombifié (sa chair se décompose, sa tête gonfle exagérément, du sang lui coule de partout). Sorte de cousin du Toxic Avenger, il corrige violemment les punks amateurs de racket, puis reprend figure humaine au petit matin. Au cours d’une séquence absurde conçue comme un défouloir censé enthousiasmer le public adolescent, les « Crétins » font évacuer le lycée et le saccagent de fond en comble, au son d’un mauvais morceau de rock typique des années 80.

Bête et méchant, mais très distrayant

Finalement, le têtard de Chrissy se mue en monstre gluant qui constitue véritablement le clou du spectacle. Version visqueuse et pustuleuse d’Alien au corps hérissé d’épines, à la queue de serpent et au faciès de squelette en décomposition, il s’avère franchement réussi (il faut dire qu’on ne le voit que dans la pénombre, et jamais en entier) et gratifie le film de quelques meurtres gores improbables (cerveau arraché à coup de griffe, œil expulsé de son orbite, décapitation à main nue). Les deux réalisateurs tirent ainsi parti avec beaucoup d’habilité de leurs moyens ridicules, se permettant des séquences de foule en panique, des destructions pyrotechniques et des effets spéciaux variés, et concoctant finalement un spectacle primaire mais très distrayant.

 

© Gilles Penso

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