Initiée par Steven Spielberg, cette série inspirée de La Quatrième Dimension réunit une impressionnante brochette de réalisateurs et d'acteurs
AMAZING STORIES
1985/1987 – USA
Créée par Steven Spielberg
Avec Kevin Costner, Kiefer Sutherland, Harvey Keitel, John Lithgow, Gregory Hines, Sam Waterston, Christopher Lloyd
THEMA MOMIES I FANTÔMES I TUEURS I DIABLE ET DEMONS
Steven Spielberg a toujours voué une passion sans borne à la télévision. Il lui doit non seulement ses premières découvertes cinéphiliques, mais aussi ses premiers emplois professionnels et son premier succès mondial, le fameux téléfilm Duel qui le fit découvrir au grand public. Après avoir atteint les sommets du box-office, il décida de revenir à ses premières amours en produisant sa propre série. Son influence majeure était alors La Quatrième Dimension de Rod Serling, à laquelle il rendit un premier hommage cinématographique en 1983. Deux ans plus tard, il sut convaincre NBC et Universal de se lancer dans l’aventure Histoires Fantastiques, dont le titre original, Amazing Stories, est un clin d’œil assumé à la revue homonyme qui, depuis 1926, éditait les nouvelles de science-fiction d’une myriade d’auteurs talentueux. Pour cette série extrêmement ambitieuse, le père d’E.T. voit grand. Il sollicite des réalisateurs très prestigieux, demande la participation de quelques acteurs de renom, met à contribution le romancier Richard Matheson (auteur de nombreux épisodes de La Quatrième Dimension et du scénario de Duel) comme consultant éditorial et s’implique lui-même à tous les niveaux.
Ainsi, malgré un planning personnel très chargé (il est au travail sur La Couleur Pourpre, s’apprête à devenir père pour la première fois et prépare son mariage avec Amy Irving), Spielberg écrit l’histoire originale de la majorité des 24 épisodes de la première saison, valide les scénarios définitifs et suit de près chaque montage. Soucieux de mixer les auteurs confirmés et les talents en devenir, il demande à Mick Garris, auteur débutant et futur spécialiste des adaptations de Stephen King, de superviser l’écriture de tous les scénarios. Confiants, les diffuseurs allouent à ce programme des moyens considérables. Chaque épisode bénéficie ainsi de six à huit jours de tournage et d’un budget avoisinant le million de dollars, soit le double de ce qui se pratique alors dans le paysage audiovisuel américain.
Chaque épisode a l'ambition d'un long-métrage
Parmi les épisodes les plus marquants de la première saison, il faut citer « La Mascotte » réalisé par Steven Spielberg lui-même, l’histoire d’une mission aérienne en pleine seconde guerre mondiale qui prend une tournure inattendue et bénéficie de deux futures superstars (Kevin Costner et Kiefer Sutherland), « Papa Momie » de William Dear, hommage hilarant aux monster movies Universal des années 30, « Vanessa » de Clint Eastwood, une ghost story romantique portée par le jeu d’Harvey Keitel, « L’Incroyable Vision », un slasher remarquable signé Peter Hyams, ou encore « Miroir, Miroir » de Martin Scorsese, probablement l’épisode le plus effrayant de toute la série. Diffusée à partir de septembre 1985, cette première salve d’Histoires Fantastiques sera suivie d’une seconde saison donnant la part belle à d’autres talentueux cinéastes tels que Tim Burton, Brad Bird ou Kevin Reynolds. Au-delà de sa volonté d’allouer à chaque épisode les moyens artistiques et techniques d’un long-métrage, le parti pris d’Histoires Fantastiques consiste ainsi à laisser chaque réalisateur imprimer son propre style, quitte à désarçonner quelque peu le téléspectateur en oscillant d’un thriller paranormal à une farce burlesque en passant par une love story surnaturelle, un récit guerrier anachronique, un conte désenchanté ou une fable de science-fiction surréaliste. Sans doute ces disparités expliquent-elle l’accueil froid que le public réserva au programme lors de sa première diffusion, Histoires Fantastiques n’atteignant son statut de série culte qu’au fil des ans.
© Gilles Penso
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