FRANKENSTEIN JUNIOR (1974)

Mel Brooks déclare sa flamme à l'âge d'or du cinéma d'épouvante à travers cette parodie qui demeure la référence absolue du genre

YOUNG FRANKENSTEIN

1974 – USA

Réalisé par Mel Brooks

Avec Gene Wilder, Marty Feldman, Peter Boyle, Madeline Kahn, Gene Hackman, Kenneth Mars, Cloris Leachman, Teri Garr

THEMA FRANKENSTEIN

Frankenstein Junior est de loin la plus réussie de toutes les parodies du mythe créé par Mary Shelley, et probablement le meilleur film de Mel Brooks, alors porté aux nues par le succès du Shérif est en Prison. Gene Wilder, co-scénariste du film et instigateur du projet, y interprète le docteur Friedrich Von Frankenstein, chirurgien de renom qui rêve d’épouser la blonde Elisabeth (Madeline Kahn). Comme le veut le lieu commun, il revient dans le sinistre château de son ancêtre. Avec la complicité du nabot Igor (Marty Feldman) et de la pulpeuse Inga (Teri Garr), il retrouve les secrets familiaux, et notamment un livre sobrement titré : « Comment je l’ai fait ». Le jeune Frankenstein vole bientôt un cadavre dans un cimetière et tente de le ramener à la vie. Mais à la suite d’une erreur d’Igor, il greffe à la créature (Peter Boyle) un cerveau anormal. La suite est connue. Quoique… 

Le pastiche est ici d’autant plus réussi que Mel Brooks connaît sur le bout des doigts et respecte scrupuleusement les conventions du genre et les caractéristiques des œuvres parodiées, à savoir les trois premiers Frankenstein de la Universal. On y retrouve les mêmes décors tordus, les mêmes éclairages inquiétants, la même photographie quasi-expressionniste en noir et blanc (signée ici Gerard Hirschfield), bref la même atmosphère. Sans compter que Mel Brooks réutilise l’équipement électrique conçu par Kenneth Strickfadden pour visualiser les expériences de Frankenstein dans les deux films de James Whale. Le trio Gene Wilder, Peter Boyle et Marty Feldman, respectivement docteur, créature et assistant bossu, est des plus réjouissants. Même les personnages secondaires sont des répliques précises de ceux de la trilogie des années trente. On retrouve ainsi la petite fille joueuse de Frankenstein, le vieil ermite aveugle de La Fiancée de Frankenstein (qui a pris ici les traits de Gene Hackman), l’inspecteur au bras artificiel du Fils de Frankenstein (Kenneth Mars caricaturant à l’occasion la prestation de Lionel Atwill…

« Frau Blücher ! »

Dans un tel contexte, n’importe quel effet comique ferait mouche, et comme ils sont ici savamment orchestrés, le spectateur est aux anges. Notons pour mémoire le gag à répétition qui consiste à faire hennir de frayeur les chevaux dès que quelqu’un prononce « Frau Blücher », la situation délicate de Frankenstein et Igor nez à nez avec un policier alors qu’ils viennent de dérober un cadavre au cimetière voisin, la bosse du même Igor qui ne cesse de changer de côté (le faux raccord mué en gag, il fallait le faire !), le spectacle de claquettes donné par le docteur et sa créature au cours d’un très sérieux congrès scientifique, ou encore le dénouement en forme de retournement imprévu de situation. Dommage que Mel Brooks n’ait pas su, par la suite, exploiter mieux que ça ses talents de parodieur, à moins que la trilogie des Frankenstein d’Universal ait été pour lui une source d’inspiration plus riche que les autres. Toujours est-il que Frankenstein Junior demeure la référence absolue dans le genre, loin devant Le Bal des Vampires ou la très inégale saga des Deux Nigauds.

 

© Gilles Penso

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